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Réduire les émissions de NH3, pas si simple !

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Avec le Citepa, l’Unifa a produit une étude pour évaluer les émissions de NH3 liées à la fertilisation à l’horizon 2030. Pour atteindre 13 % de baisses des émissions par rapport à 2005, des changements de pratiques s’imposent : enfouissement de l’urée et de la solution azotée, recours aux inhibiteurs d’uréases et aussi aux ammonitrates en plus grande quantité. Autant de mesures pas toujours réalisables et qui ont devraient se traduire par des surcoûts.

 

L’UNIFA a dévoilé, le 12 mars, les résultats d’une étude, menée avec le Citepa (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique), modélisant les émissions d’ammoniac liées à la fertilisation azotée à l’horizon 2030. Différents scénarios ont été établis avec, pour chacun, la possibilité d’atteindre, ou non, les objectifs de réduction fixés par la réglementation. Le plan de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prepa), publié en 2017, détermine pour la France un objectif de -13 % des émissions d’ammoniac à l’horizon 2030 par rapport au niveau de 2005, avec deux paliers : -4 % en 2020 et -8 % en 2025.

Des mesures intéressantes mais pas suffisantes

Comme leviers d’action, le Prépa préconise le recours à l’enfouissement de l’urée et aux urées inhibées. « Des mesures intéressantes, mais pas suffisantes », affirme Renaud Bernardi, président de l’Unifa, lors d’une conférence de presse de l’Unifa organisée le 12 mars à Paris. En maximisant ces techniques et en recourant aussi à l’enfouissement de la solution azotée, les émissions seraient au mieux réduites de 8,7 % en 2030. Pour atteindre l’objectif final de -13 %, l’étude montre qu’une partie de ces deux produits doit être remplacée par de l’ammonitrate. Le président de l’Unifa estime que cette substitution partielle représenterait 200 000 tonnes supplémentaires d’ammonitrate. « Aucun risque de pénurie, estime-t-il. Avec cinq usines de production, la France peut trouver ces volumes sur son propre territoire ou chez ses voisins, c’est un scénario réalisable. »

Pourtant, la tendance de ces cinq dernières années se traduit plutôt par l’intérêt des engrais azotés importés. « Depuis 10 ans, l’offre d’urée a augmenté avec l’arrivée de bateaux poussée par les importateurs. Les distributeurs y ont répondu favorablement, comme pour la solution azotée en provenance des États-Unis et de la Russie », constate Renaud Bernardi.

Prix, interdiction des NPBT, taxation…encore des incertitudes

Cette étude pose le diagnostic des mesures à mettre en œuvre, mais n’a pas chiffré leurs impacts économiques pour l’agriculteur. Tout laisse à penser qu’elles se traduiraient par une hausse du coût de la fertilisation. La pression sur les ammonitrates impactera aussi les cours. Dans le cadre du Prépa, les ministères de l’Agriculture, de l’Environnement et de l’Économie ont été mandatés pour réaliser une étude sur la taxation ou la modulation de la fiscalité sur les engrais azotés selon leur potentiel émissif en ammoniac. Du côté des inhibiteurs d’uréases (NPBT), l’Anses a été saisie pour évaluer les risques pour la santé et l’environnement de ces produits. Leur commercialisation pourrait être menacée en fonction de l’avis de l’agence. « C’est pourquoi il faut envisager une aide technique et économique des agriculteurs », insiste Florence Nys, déléguée générale du l’Unifa.