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Régis Fournier, directeur général de MAS Seeds - « Investir pour entrer dans le Top 10 mondial »

Le | Agrofournisseurs

Depuis le 10 avril, Maïsadour Semences est devenu MAS Seeds : un changement d'identité pour affirmer des ambitions à l'international. Le groupe compte ainsi tripler son chiffre d'affaires d'ici à 2026, pour atteindre 500 M€, et faire son entrée dans le Top 10 mondial. Le Sud-Ouest de la France reste un pilier dans cette stratégie de développement, tournée vers la création variétale, la R&D et la quête de nouveaux partenariats. Régis Fournier, le directeur général de MAS Seeds nous explique sa vision.


MAS Seeds annonce vouloir tripler son chiffre d'affaires en huit ans. Comment allez-vous y parvenir ?

Nous comptons tout d'abord élargir notre offre en développant notre portefeuille de produits avec l'ajout de nouvelles espèces. Car nous souhaitons affirmer notre position de semencier multi-espèces. L'idée est de poursuivre le développement de nos ventes à l'international, qui pèsent aujourd'hui 85 % du chiffre d'affaires, contre à peine 20 % il y a 15 ans. Si l'Europe reste notre marché principal (60 %), les pays de la CEI occupent 35 % de l'activité et le reste du monde, 5 %. Depuis dix ans, MAS Seeds s'est bien implanté en Russie et en Ukraine. Le 1er juin, nous inaugurons d'ailleurs une nouvelle station de recherche à Kiev. Nous cherchons désormais à nous développer en Asie et en Afrique où nous avons un gros projet au Burkina Faso, centré sur le maïs. Tous nos sites de recherche sont interconnectés : les variétés créées spécifiquement pour le marché africain peuvent aussi satisfaire une demande en maïs tardif pour le Sud-Ouest. Même si notre croissance organique est soutenue, de 10 % en moyenne chaque année, elle ne peut à elle seule répondre à cet objectif de triplement du chiffre d'affaires. Nous tablons donc sur une croissance externe et sur de nouvelles alliances.


Rachats et nouveaux partenariats sont donc à l'ordre du jour ?

Toutes les opportunités sont étudiées. Sur l'échiquier mondial des semenciers, MAS Seeds est un outsider. Pas question de rester tout seul. En France, Syngenta et JOUFFRAY DRILLAUD sont deux alliés stratégiques, même si, avec ce dernier, le rapprochement n'a pas abouti faute d'accord entre les actionnaires. À l'échelle mondiale, près de 57 partenariats sont déjà opérationnels avec des semenciers, des sociétés phytosanitaires, des start-ups à la pointe de la génomique ou de la cartographie génétique… L'idée est d'optimiser toute la chaîne de valeur liée à la création de semence.


La France reste-t-elle un pays stratégique dans ce projet mondial ?

Bien entendu. Le Sud-Ouest est un territoire privilégié pour notre activité de semencier. Nous allons y poursuivre nos investissements en R&D en ouvrant, dans les Landes, trois nouveaux sites d'expérimentation. Nous prévoyons aussi d'investir près de 3 M€ dans l'usine de Haut-Mauco pour renforcer notre capacité de production. En Europe, 2,5 millions de sacs de semences sont actuellement produits chaque année. Ce volume devrait passer à 3,2 millions en 2022 et 4 millions en 2026. La France est aussi notre territoire d'origine où nous mettons au point et développons, avec le groupe Maïsadour nos solutions innovantes Agroplus et Nutriplus pour apporter, au-delà des semences, de la valeur aux céréaliers et aux éleveurs.


Quelle place occupe la R&D pour MAS Seeds ?

Chez MAS Seeds, le budget R&D pèse en moyenne 15 % du chiffre d'affaires. Il est important de préserver ce potentiel d'innovation pour créer de nouvelles variétés et répondre ainsi aux différentes situations agro-climatiques et aux enjeux de durabilité. À condition que les instances européennes et françaises nous laissent produire et chercher ! Il serait dommage de se priver d'outils performants pour accélérer le progrès génétique et répondre ainsi aux demandes des agriculteurs, quel que soit le pays.


MAS Seeds en chiffres

- 140 M€ de chiffre d'affaires pour l'exercice 2017/18

- Capacité de production de 25 000 ha dont les 2/3 dans le Sud-Ouest.

- Présence dans 40 pays

- 700 salariés

- 350 variétés de semences produites : maïs, tournesol, colza, luzerne, sorgho, céréales et fourragères