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Régis Fournier, président de l’UFS - « Et si l’avenir des semenciers passait par la délocalisation ? »

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Depuis le début de l'année, les semences sont au cœur de l'actualité. Loi sur les contrefaçons et semences de ferme, premier pas vers l'interdiction de cultiver des OGM en 2014, report de l'examen de la réglementation européenne sur les semences… sans oublier le dossier des semences traitées avec des néonicotinoïdes. Le point avec Régis Fournier, président de l'UFS, l'union française des semenciers.


Le 11 février, le parlement européen décidait de reporter l'examen de la nouvelle loi sur les semences ? Etait-ce prévisible ?

Non, pas vraiment. Nous sommes un peu déçus du report car cela fait trois ans que nous travaillons sur le dossier. Mais il est vrai qu'il n'y a pas d'urgence. Aujourd'hui, la réglementation en place nous convient. La nouvelle réglementation apporterait de la simplification, un peu plus d'homogénéité dans l'Union européenne : un certain renouveau sur la mise en marché des semences sera le bienvenu. A charge pour le nouveau parlement d'examiner la proposition de la commission (cf actu dans cette lettre).


Quels sont les autres dossiers qui animent actuellement l'actualité de votre union ?

Sur le dossier des néonicotinoïdes, nous avons toujours en stock près de 30 millions d'euros de semences de maïs, de pois et de colza traitées, inutilisables en France depuis le 1er décembre 2013. Nous ne les avons pas encore détruites. Pour l'heure, nous cherchons à les écouler vers des pays tiers là où ces traitements de semences sont autorisés : en Albanie, en Afrique, en Ukraine. C'est d'ailleurs ce que le Ministère nous a invités à faire. Mais nous n'écoulerons pas plus de 20 % de ce volume de cette façon.


Cette semaine, la commission des affaires économiques du Sénat a voté l'interdiction de la culture du maïs OGM : votre réaction ?

Une fois de plus, des décisions sont prises au plus haut niveau, sans fondement scientifique. Suite à la décision du Conseil d'état de déclarer illégale la clause de sauvegarde prise par le précédent gouvernement, nous avons proposé au gouvernement d'ouvrir le débat pour sortir de cette guérilla entre pro et anti OGM et des batailles juridiques, couteuses pour le contribuable. L'activité semencière française est une réelle force économique pour le pays. Pour que nos entreprises puissent continuer à vivre, il faut leur donner la possibilité de travailler sur les OGM, à l'heure où de nombreux pays les demandent. La recherche notamment doit pouvoir reprendre dans notre pays ! Dans le cas contraire, notre seule solution sera de délocaliser nos activités. Certains ont d'ailleurs déjà franchi le pas.


Que vous répond le gouvernement ?

Rien. Nous sollicitons des réunions, nous lui adressons des courriers. Rien. Pour être écouté, peut-être faudrait-il agir en force comme l'a fait la Confédération Paysanne sur le dossier des semences de ferme et la loi sur la contrefaçon (1) ? En envahissant les locaux du Gnis, il semble qu'ils aient été entendus par le gouvernement puisque ce dernier a aussitôt fait ajouter un amendement à la loi sur la contrefaçon. Faut-il faire pression pour ouvrir le dialogue ? Ce n'est pas notre façon de faire et nous nous interrogerons de plus en plus sur l'attitude à adopter pour être entendus, et même seulement écoutés !


(1)    Cf actu du 23/01/13