Rencontre avec François Deltour, Eurochem Agro France SAS - « Le marché se structure et c’est une bonne chose »
Le | Agrofournisseurs
Rencontre avec François Deltour, président d'Eurochem Agro France SAS, ex-Fertiva (500 00 tonnes d'engrais par an en France). Il livre sa vision de l'évolution du marché de l'azote.
Reference-appro.com : Considérez-vous les évolutions en cours sur le marché des engrais comme structurelles ou conjoncturelles ?
François Deltour : Nous avons vécu jusqu'à présent dans un marché des engrais azotés assez régulier. L'augmentation de l'offre en solutions azotées aux Etats-Unis avec le développement du gaz de schiste, mais surtout l'irruption de la Chine sur le marché international - exportatrice de quelque 7 à 8 millions de tonnes d'engrais, alors qu'elle était importatrice il y a seulement 5 ans -, sont en train de bouleverser la donne. Cet été, l'épisode Uralkali sur la potasse a constitué un autre facteur de perturbation du marché. Il a très fortement impacté les autres sociétés productrices de potasse, qui ont vu leurs actions chuter. Les phosphatés se rapprochent aussi d'un niveau de prix plancher. Il y a certes une part de conjoncturel dans ces évolutions globalement baissières, mais les facteurs structurels sont également à l'œuvre.
Ce qui n'est pas franchement enthousiasmant pour les opérateurs européens…
F. D. : Je suis confiant. La France reste le premier marché dans l'Union européenne, avec une production agricole stable. La stratégie des groupes européens reste de conserver le cœur de leur marché à proximité de leurs sites de production, ce qui est également vrai pour Eurochem, qui dispose du sites repris à BASF à Anvers. Quant aux exploitants, ils ont su optimiser leur fertilisation en utilisant les différents outils, les techniques et les innovations produits, dont nos spécialités avec régulateur de nitrification, mis à leur disposition.
L'arrivée de nouveaux entrants sur le marché des engrais en grandes cultures vous inquiète-t-elle ?
F.D. : Non. Le marché se structure et c'est une bonne chose. Le pilotage de la fertilisation prend une place croissante et Eurochem Agro France est totalement organisé pour répondre à cette attente.
Sur le marché des commodités, n'y a-t-il pas un risque de voir des sites de production d'ammonitrate fermer ?
F.D. : Tout dépend de la volonté de l'Union européenne de se protéger avec des mesures anti-dumping. Si nous versons dans le tout libéral, les délocalisations seront inévitables pour se rapprocher des sources de matières premières moins coûteuses.
Qu'en est-il d'un élargissement de l'offre d'Eurochem Agro France à l'appui des productions d'Eurochem ?
F.D. : Je vous promets une réponse rapide.