Rencontre avec Joël Meunier, directeur business et recherche Maïsadour Semences - « 80 % de notre chiffre d’affaires se fait hors France »
Le | Agrofournisseurs
A l'occasion de l'ouverture des portes de son usine ukrainienne à quelques uns de ses clients français (lire également dans cette lettre), Joël Meunier fait le point sur la stratégie du semencier landais hors France et hors Europe.
Quels sont aujourd'hui les développements de Maïsadour Semences à l'étranger ?
Joël Meunier : Après avoir commencé dans les années 90 notre développement commercial en Europe de l'Ouest, nous avons lancé notre « Plan Danube » en 2003 (filiales en Pologne, Hongrie, Roumanie) puis notre projet Ukraine et Russie en 2008. Il s'est concrétisé par la mise en place de la production de semences en Ukraine. Nous avons pu ainsi opérer une inversion des proportions de nos ventes hors France en dix ans. Celles-ci représentent aujourd'hui 80 % de notre chiffre d'affaires de 136 M€, dont environ 25 % rien qu'en Ukraine et Russie.
Quels sont les atouts et les contraintes pour Maïsadour Semences en Ukraine ?
J. M. : Notre premier frein est la difficulté à trouver dans ce pays les compétences nécessaires en raison d'un fort déficit de formations, c'est pourquoi nous formons nous-mêmes le personnel. La corruption est aussi un réel problème qui nous oblige à tout faire et tout contrôler, ce qui devient un gage de qualité pour ces marchés. Nous apprécions malgré tout la grande liberté pour nous développer dans ce pays quand trop de contraintes nous bloquent en France.
Quelles perspectives de développement hors Europe à l'avenir ?
J. M. : Nous venons de créer une filiale en Turquie et démarrons un projet de construction d'usine dans ce pays qui doit nous ouvrir les portes de l'Orient et nous permettre de nous développer dans les pays proches de cette zone et suffisamment tempérés pour notre génétique. Nous commençons aussi à explorer l'hémisphère Sud avec par exemple une station de recherche en Argentine et des prestataires au Sénégal, au Chili, ainsi qu'au Mexique.
Les adhérents de votre maison mère coopérative Maïsadour voient-ils d'un bon œil ces développements loin de chez eux ?
J. M. : Nous leur avons bien montré qu'il ne s'agissait en aucun cas de délocaliser la production de semences et que les retombées de ces investissements étaient très positives, y compris dans le Sud-Ouest, tant pour les producteurs que pour les salariés. A chaque cadre embauché à l'étranger correspond d'ailleurs un nouvel emploi en France. Nos capacités saturées en France et à Saragosse vont pouvoir accueillir la production de donneurs d'ordre à qui nous devions refuser la production depuis longtemps.