Rencontre avec Tiago Costa, directeur commercial semences de Monsanto : « Avec ou sans Syngenta, des ambitions bien au-delà des marchés conventionnels »

Les négociations visant la reprise de Syngenta par Monsanto se poursuivent. Qu'elles aboutissent ou non, la firme américaine s'est fixé une ligne de conduite qui dépasse le seul domaine des semences et de l'agrochimie. En perspective : le big data, l'agriculture de précision et les produits de biocontrôle. Rencontre avec Tiago Costa, directeur commercial semences de Monsanto France, Belgique et Maghreb.

Reference-appro.com : où en sont les échanges entre Syngenta et Monsanto ?

T.C. : Les discussions sont en cours entre Saint-Louis et Bâle. Nous souhaitons augmenter notre portefeuille produits, limité actuellement au  Roundup. En génétique, nous disposons aujourd'hui de plateformes traditionnelles (1) en biotechnologie et sélection. Avec la plateforme phytosanitaires de Syngenta, nous aurions beaucoup plus de possibilités en termes de solutions intégrées pour l'agriculteur. La complémentarité géographique est également importante. Notre ambition est, au-delà de la génétique, de développer les plateformes de croissance big data, agriculture de précision et demain, les produits de biocontrôle. C'est là que se situent les leviers pour aider les agriculteurs à augmenter leur performance économique et environnementale.

Une question d'image également ?

T.C. : un changement de nom est une option parmi d'autres.

Et si l'acquisition n'aboutissait pas ?

T.C. : Si ce business ne se fait pas, il y aura sans doute des consolidations qui nous amèneront à travailler avec d'autres. Nous avons ouvert la boîte de Pandore. Tous les autres agrochimistes ont commencé à investir dans les semences. Trois Américains et autant d'Allemands font aujourd'hui le marché mondial.

Vous avez investi un milliard de dollars en 2014 dans les technologies de l'information. La voie d'avenir ?

T.C. : Les sociétés présentes dans le numérique disposent d'une puissance considérable, supérieure à celle de toutes les sociétés agricoles. Le big data est vraiment une question d'échelle. En 2014 nous avons acquis The Climate corporation. Cette société a repris en décembre une startup spécialisée dans les technologies pour l'agriculture. Nous proposons déjà des services aux Etats-Unis et au Brésil. Cette offre se développera assez vite, incluant la prédiction météo. La France sera concernée sous trois à cinq ans, grâce à un historique à la parcelle plus développé que dans la plupart des pays. 

Quelle place reste-t-il pour les obtenteurs traditionnels ?

T.C. : Il y aura toujours de l'espace pour tous même si la mutualisation d'une recherche de plus en plus coûteuse sera sans doute nécessaire.

(1)    Ensemble des moyens de recherche et développement.

Photo : Tiago Costa, directeur commercial semences de Monsanto France, Belgique et Maghreb sur le stand Dekalb, lors des Culturales.