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Rencontre des filières semences céréales et pois - « Donner du sens au progrès »

Le | Agrofournisseurs

L'innovation était au centre des échanges de la Rencontre filière de la section céréales à paille et protéagineux du Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences), le 7 avril, à Paris. L'innovation génétique, bien sûr, mais aussi celle liée à l'économie collaborative. Trois grands témoins ont apporté un regard complémentaire à celui des experts : Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, Nicolas Bouzou, économiste et Dominique Potier, député, rapporteur du plan Ecophyto 2. 

 

Thierry MOMONT, président de la section céréales à paille et protéagineux du Gnis, a introduit cette matinée d'échanges en rappelant la « légitime inquiétude pour la campagne à venir pour les semences certifiées ». Très corrélé au prix des céréales, le taux d'utilisation des semences certifiées a baissé de 2,5 % sur la campagne en cours. « Des cycles plus courts et des amplitudes plus fortes rendent complexes la mise en place des programmes de multiplication », a-t-il précisé avant d'ouvrir  le champ de la réflexion sur le moyen terme. 

 

Nouvelles technologies de sélection et blés hybrides

Le blé est particulièrement bien positionné dans les nouveaux systèmes de recherche génomique, qui ouvrent des champs totalement nouveaux pour la création variétale. Au-delà du Crisper-Cas9 qui cristallise aujourd'hui les tensions, ce sont 10 à 15 techniques, 15 à 20 dans dix ans qui vont bouleverser la sélection. Le débat est en train d'enfler sur le fait que ces outils soient assimilables à des OGM. « Tant qu'on essaiera d'évaluer les techniques et non le produit, nous serons bloqués », ont résumé David Gouache, directeur scientifique adjoint d'Arvalis et Raphaël Dumain, responsable du programme blé hybride de Bayer CropScience. « Resterons-nous leader dans un pays où la peur domine lorsque l'on parle innovation », a interpellé Christiane Lambert, qui propose de démystifier la science et de la remettre au cœur du débat agricole. « La convergence des nanotechnologies, de la biotechnologie, de l'information et de la connectivité crée une immense vague de destruction créatrice », analyse pour sa part Nicolas Bouzou, qui invite à « donner du sens au progrès ». « Nous sommes dans une phase aussi fascinante qu'angoissante. La notion de bio comme d'OGM n'existera plus demain. La valeur à mettre en avant est celle de la qualité », préconise l'économiste.

 

Economie collaborative, veille active

Elles s'appellent Miimosa, plate-forme de financement participatif, So-Buzz, pour un autre usage du marketing digital ou encore We-Farm-Up, pour le co-farming. Trois jeunes sociétés représentées par leur fondateur, respectivement Florian Breton, Laurent Vernede et Alexandre Durain (notre photo). Trois réponses à de nouveaux besoins de l'agriculture, qui méritent d'être observées de près. « Le numérique bouscule le modèle économique, à l'image de l'appro en ligne avec le site agriconomie.com », souligne Christiane Lambert. 

Interpellé sur sa position sur les nouvelles techniques de sélection, Dominique Potier n'a pas directement pris position. « Elles doivent répondre au cahier des charges public de l'étude d'impact », a-t-il indiqué avant de souligner deux autres points à ses yeux tout aussi importants : la capacité à gérer des collections de variétés et  la promotion du modèle COV contre celui des brevets. 

 

 

 

 

Peu de temps pour tergiverser

Deux sujets ont traversé les échanges : celui des mélanges de variétés ou d'espèces (article ci-après), pour répondre à la nécessité de baisser l'usage des intrants chimiques et celui des charges de machinisme qui impactent au-delà du raisonnable les trésoreries des exploitations. S'ils ne sont pas nouveaux, le fait de les mettre en avant de manière quasi consensuelle est lui, plus récent.  

 

Photo d'ouverture : Dominique Potier et Thierry Momont.