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Rencontres de l’Afcome : prise de température sur l’évolution des marchés

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Tous les deux ans, distributeurs et fournisseurs d'engrais du marché français se retrouvent lors des rencontres internationales de l'Afcome, l'Association française de commercialisation et de mélange d'engrais. La 15e édition de ce rendez-vous s'est tenue à Avignon, les 9 et 10 novembre. Au programme : comprendre et analyser les mouvements de leur secteur d'activité. Tour d'horizons des enjeux clés à court, moyen et long terme pour chaque grande famille d'éléments nutritifs.


Urée : le désengagement chinois

« Si vous êtes venus ici pour connaitre le prix de l'urée sur les six prochains mois, vous pouvez repartir », plaisante Hans-Olav Raen, directeur d'OCI. Les participants présents dans la salle du Conclave du Palais des Papes sont prévenus. Le dirigeant s'est toutefois essayé à quelques prévisions. Il entrevoit par exemple une hausse des prix sur le premier trimestre de 2018. « Le Brésil devrait importer sur 2017 près de 5 millions de tonnes d'urée, un record, souligne-t-il. L'Inde se porte toujours à l'achat. Dans le même temps, la Chine, premier producteur mondial, a considérablement réduit ses exportations et privilégie son marché intérieur, plus rémunérateur.  Le pays devrait aussi fermer plusieurs usines sur 2018, réduisant ainsi ses capacités de production de plus de 8 Mt, pour atteindre 75 Mt. Entre mars et octobre 2017, le prix des matières premières utiles à la fabrication de l'urée, gaz et charbon, ont augmenté de 20 à 30 % en Chine, tirant ses coûts de production à la hausse ». Bien que la France s'approvisionne majoritairement en Égypte et en Algérie, le prix Fob chinois sert de repères aux autres cours mondiaux.


Phosphates : le Maroc en pôle position, l'Arabie Saoudite et la Russie en embuscade

« Aujourd'hui à 390-400 € Fob, le cours des phosphates devrait rester stable dans les mois à venir », estime Mounir Halim, d'Argus (ci-contre). Le Maroc, où se situent 80 % des mines, développe considérablement ses capacités de production : + 4,5 Mt  d'ici à quelques années seulement. Même constat du côté de l'Arabie Saoudite. « Elle devrait atteindre 9 Mt en 2021, contre 3 Mt aujourd'hui », explique l'analyste. Face à cette hausse de l'offre, les importations de l'Amérique latine et de l'Inde seront décisives pour équilibrer les cours. « L'Inde, dont les capacités de stockage sont limitées, devrait revenir à l'achat début 2018 », prévoit Mounir Halim.  En Europe, l'enjeu ne concerne pas le développement des volumes mais la réglementation autour du cadmium. « Les Saoudiens parlent d'arriver sur le marché européen et assurent que leurs produits peuvent satisfaire l'exigence de 10 mg/kg de P2O5 », considère Mounir Halim. « 25 % de nos gisements dépassent la limité de 60 mg/kg de P2O5, la moitié celle de 40 mg/kg de P2O5, mais nous sortirons du marché si la limite est fixée à 20 mg/kg de P2O5 », constate Hicham Benkirane de l'OCP. Une aubaine pour les firmes russes dont les gisements répondent à ces seuils strictes. L'entreprise russe Acron a déjà annoncé son développement sur le marché du DAP. 


Potasse : une concurrence rude avec de nouveaux acteurs

La capacité de production de potasse à l'échelle du globe devrait croitre de 20 Mt sur les cinq prochaines années. « C'est moins que les 34 Mt supplémentaires de ces cinq dernières années, et on devrait atteindre un équilibre d'ici à 2030 », prévoit Stephen Mitchel, expert à Argus.  La concurrence devrait s'accentuer avec l'arrivée de nouveaux acteurs sur le marché. Jusqu'ici absent du continent américain, K+S a ouvert fin 2017 son unité au Canada. Dans quelques mois, Eurochem lancera la production de potasse qui devrait atteindre 2,7 Mt à l'horizon 2021.