Salon de l’herbe 2019, les semences fourragères évoluent face au changement climatique
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L’édition 2019 du salon de l’herbe s’est tenue les 5 et 6 juin à Villefranche d’Allier (03). Le contexte de changement climatique, avec un accroissement des précipitations en hiver et des épisodes de sécheresse en été, oblige les agriculteurs à revoir les mélanges de semences fourragères vers davantage de rusticité. Les structures de conseil, les instituts techniques et les chercheurs planchent sur le sujet. Le projet Climagie, mené par l’Institut national de la recherche agronomique, Inra, étudie les espèces et les variétés que devront semer les éleveurs dans leurs prairies, d’ici 20 à 30 ans, sous un climat modifié.
La prairie multiespèces plus forte que l’association
Même si quelques espèces sont plus adaptées aux aléas climatiques que d’autres (dactyle, fétuque élevée et brome pour les graminées ; luzerne, lotier et sainfoin pour les légumineuses), la durabilité est faite de robustesse et de diversité. Didier Deleau, ingénieur régional fourrage chez Arvalis-Institut du végétal, commente les résultats de Climagie : « Plusieurs années d’expérimentation sur différents sites confirment un écart de rendement entre les prairies multiespèces (PME) et les associations d’une graminée avec une légumineuse, comme le ray-grass anglais avec du trèfle blanc. Les PME offrent 10 à 40 % de production en plus. L’année la plus sèche, elles ont montré une productivité supérieure de 15 à 80 % par rapport aux associations ! »
Diversité génétique et spécifique
La PME est plus résistante aux aléas climatiques, tant sur la quantité que la qualité : lorsque des plantes sont en dormance, les autres prennent le relais pour continuer à produire. Les chercheurs ont mis en évidence l’intérêt de travailler sur la diversité des espèces, mais aussi sur la diversité variétale : alors que le mélange d’espèces améliore la production, l’assemblage de génétiques différentes au sein d’une même espèce apporte une stabilité temporelle et une réponse à la sécheresse.
Rechercher la complémentarité fonctionnelle
Pour pouvoir s’adapter aux contraintes pédoclimatiques, comme les stress hydriques, les excès d’eau ou les températures extrêmes, les scientifiques préconisent donc de mélanger des espèces et des variétés ayant des caractéristiques complémentaires, par exemple sur les rythmes de croissance et les stratégies d’utilisation de l’eau du sol. Pour des variétés à fort potentiel fourrager, l’objectif de sélection sera de pouvoir travailler à la fois sur la dormance d’été, la repousse en automne et la résistance au froid.