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Semences de ferme, semences certifiées : le rapprochement de deux mondes


Acteur principal de la semence de ferme, le syndicat des trieurs à façon français voit le monde de la semence évoluer. Pour Sylvain Ducroquet, son président, les défenseurs historiques des semences certifiées, qu’il s’agisse des coopératives, des négoces ou du Gnis, revoient leur schéma, et reconnaissent la professionnalisation du métier de trieur.

Le recours à la semence de ferme s’est installé depuis plusieurs années dans les pratiques des agriculteurs. « Notre métier est à maturité, il fait partie du paysage, il s’est professionnalisé, considère Sylvain Ducroquet, président du Staff, le syndicats des trieurs à façon français, le 20 juin lors d’une conférence de presse à Paris. Avec la normalisation de la semence de ferme, nous voyons arriver de nouveaux acteurs qui étaient plutôt tournés vers les semences certifiées », constate-t-il. Lui-même travaille comme prestataire pour TERNOVEO afin de réaliser du triage à façon pour les clients du négoce. Certains distributeurs investissent même directement dans des unités mobiles de tri. Le syndicat estime que 20 % du triage à façon de semences de ferme sont réalisés par des coopératives et des négoces.

Des outils performants

Du côté des trieurs à façon indépendants représentés par le Staff, les entreprises s’agrandissent, désormais plus régionales, voire nationales. « Les outils qui n’étaient présents auparavant que sur des stations de semences existent aujourd’hui pour des stations mobiles comme les nôtres : trieurs optiques, alvéolaires, etc. Certains trieurs à façon nationaux produisent l’équivalent d’une station de semences. » Les machines de tri ont grossi, tout comme leur prix, s’élevant à 200 000 ou 300 000 euros. Ce dernier reste toutefois bien inférieur aux investissements réalisés sur des stations de semences. Cela contribue à rendre les semences de ferme compétitives économiquement, tout en assurant une qualité technique optimale. « Avec un traitement fongique simple, une semence certifiée revient à 50 €/q, contre 32 €/q en semences de ferme », chiffre Sylvain Ducroquet.

Intégrer pleinement la profession

« Notre marché est reconnu. Les coopératives qui étaient par le passé farouchement opposées à notre activité, achètent aujourd’hui des machines. La cotisation pour l’innovation variétale (Criv) des semences de ferme a augmenté cette année, nous contribuons, nous aussi, à la recherche variétale. La dernière étape serait d’intégrer le GNIS », estime le président du Staff. L’organisation avait, lors de la construction du plan de filière semences, fait la demande. Le Gnis n’avait pas émis d’opposition catégorique, mais les discussions se poursuivent. « Pour le Gnis, cela impliquerait de ne plus seulement parler des semences certifiées, mais aussi des semences de ferme. Cela demande du temps ».
Il reste toutefois critique sur le positionnement de certains acteurs : « le secteur semencier n’a pas encore fait sa révolution. Nous sommes entre deux mondes : celui du tandem « tout semences certifiées et produits phytosanitaires », et un second, multipolaire, avec davantage de transversalité, plus participatif, ancré dans l’économie circulaire ». Sylvain Ducroquet assure que son syndicat, et ses membres, s’inscrivent bien dans le second !

Carte d’identité du trieur à façon, issue de l’enquête du Staff réalisée chaque année auprès de ses adhérents :
- Environ 700 clients par entreprise
- 3 machines
- 1427 tonnes de semences triées par machine
- 9 espèces triées
- 4,4 ETP
- 22 000 km parcourus par an