Semences de Provence veut accélérer le partage d’expertises sur le sorgho
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Après les trophées du sorgho, SEMENCES DE PROVENCE a lancé, le 15 novembre, un club des ambassadeurs de cette céréale. Utilisé en alimentation animale en complément du blé, de l’orge et du maïs pour la graine ou en fourrage pour les variétés ensilage, le sorgho séduit.
Pour Julie Toussaint, directrice de la structure, filiale d’Arterris (11), une dynamique doit être créée autour du sorgho, d’autant que les dernières statistiques de 2018 montrent un gain d’intérêt pour le cultiver, au-delà de l’Occitanie, sa région historique. Les agriculteurs du Centre, du Val de Loire, de Nouvelle Aquitaine se tournent vers lui, notamment avec les variétés multicoupes et ensilage.
Hausse des surfaces en France
Tous usages confondus, grain et fourrage, ce sont 60 000 ha (+ 8 % par rapport à la moyenne sur 5 ans) qui ont été cultivés en 2018 avec une moyenne de rendement de 55 q/ha. Et la campagne 2019 pourrait bien être sur cette même trajectoire, car le sorgho avance vers le nord, sur des zones qui ont souffert de la sécheresse.
« Le sorgho est une plante prometteuse, mais nous devons améliorer la maitrise de sa culture et partager les solutions afin que des idées nouvelles émergent », indique Julie Toussaint. Les ambassadeurs sorgho vont travailler en groupe. Les essais, conduits en grandeur nature, seront hébergés sur les fermes des 17 agriculteurs lauréats de l’année 2017, ce qui permettra de tester la culture dans des conditions de production différentes. Ils seront suivis par les experts d’Arvalis en impliquant aussi les distributeurs : « La dynamique doit venir du terrain et faire des émules, nous voulons travailler sur une filière alimentaire ».
La French Touch sorgho
Et pour soutenir cet élan, Semences de Provence va proposer au catalogue dès 2019 deux sorghos grains de précocité 2 et 3 et deux sorghos ensilage de précocité 1 et 2.
Ils ont été obtenus dans le cadre d’une joint-venture de recherche européenne, Eurosorgho, détenue avec Euralis. Julie Toussaint n’hésite pas à parler de « French touch » sur le marché européen : « Nous avons une gamme de qualité, de haute valeur alimentaire, qui s’enrichit avec des variétés de sorgho ensilage précoce. »
Semences de Provence est leader en France sur le segment du sorgho avec plus de 65 % de son chiffre d’affaires réalisé avec cette culture. La société produit aussi des semences pour la culture du riz, des fourragères, des couverts végétaux et a inscrit à son catalogue une variété de pois chiche. Les protéines végétales constituent un axe de développement.
Semences de Provence va aussi initier au printemps 2019 des programmes de sélection variétale sur le pois chiche, les lentilles et les haricots tarbais. Les filières se montent, poussées par une hausse de la demande en protéines destinées à l’alimentation humaine.
Petite graine et… grandes ambitions
Les enjeux liés à l’agroécologie avec l’allongement des rotations et le recours aux cultures peu exigeantes en intrants, le changement climatique, incitent de plus en plus d’agriculteurs à semer du sorgho. Pour Jean-Luc Verdier, animateur filière sorgho chez Arvalis : «La tendance est à une hausse de la consommation. Historiquement, nous avons connu des campagnes avec de grands niveaux d’utilisation. Tout est question de compétitivité entre les principales matières premières.
La France est le premier pays européen exportateur de sorgho grain : 84 000 t vers l’Espagne, 9 000 t vers les pays de l’Est, 50 000 t pour le Benelux (oisellerie) et la Grande-Bretagne. Les tensions entre les États-Unis et la Chine, fortement importatrice de cette graine pour ses élevages, ont obligé les américains à se tourner vers d’autres marchés dont l’Espagne. La France conserve un atout : la proximité des producteurs et des obtenteurs. Le sorgho y est prisé pour l’alimentation des porcs charcutiers en raison de ses qualités nutritives et de son prix attractif par rapport au maïs. L’Australie vise de son côté le marché chinois.
Bilan surfaces
C’est dans l’Ouest que la culture de sorgho se développe le plus
(48 % d’augmentation en 5 ans en Centre-Val de Loire et Pays de la Loire).
Record de hausse de surfaces revient au Cher : + 67 % avec 2290 ha, puis à l’Indre avec + 51 % (1830 ha) et au Maine-et-Loire, en progression de 43 % avec 1505 ha.
Replis des hectares de sorgho surtout au profit du maïs dry :
- de 23 % ces cinq dernières années en Haute-Garonne avec 5600 ha en 2018,
- de 16 % dans le Tarn-et-Garonne (3020 ha)
- de 10 % dans le Tarn (3000 ha)