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Semences illégales et collections nationales au programme du congrès des semenciers

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Premier exportateur mondial de semences, la France a accueilli à Nice, du 3 au 5 juin, le congrès de l’ISF, l’organisation internationale des semenciers. Eduard Fito, président de l’ISF, a fait de la lutte contre les semences illégales une des priorités de son mandat. « C’est un frein à l’innovation, à l’installation et à l’investissement des semenciers dans certains pays », regrette-t-il. Cela se matérialise par différentes pratiques : vol de lignée ou de logo apposé sur un autre sachet de semences, etc. « Cela concerne beaucoup d’espèces et existe partout dans le monde. Pour certains pays, 30 à 40 % du marché national est touché. Ces pratiques sont aussi souvent liées au crime organisé, avec des entreprises qui n’appartiennent pas à notre secteur, d’où notre engagement très fort en tant que semencier », complète Michael Keller, secrétaire général de l’ISF. Claude Tabel, vice-président de l’UFS (Union Française des Semenciers) et président de RAGT SEMENCES, tempère toutefois en soulignant « qu’en France, ces pratiques restent marginales ».

Réglementation française : le risque d’une délocalisation de la production

Pour Franck Berger, ce congrès est l’occasion de « sortir de ce qui ressemble à un microcosme à la française », faisant référence aux contraintes réglementaires supplémentaires que la France s’impose, notamment au travers de la loi Egalim. En première ligne : l’article visant à interdire sur le sol français, la production et l’utilisation de plusieurs produits phytosanitaires, utilisés notamment pour la production de semences destinées à l’export. « ll existe un risque fort de délocalisation de la production de semences hors de France. Mais les grands groupes coopératifs engagés dans cette production, comme Terrena ou encore Dauphinoise, eux, ne pourront pas délocaliser la production de leurs adhérents », déplore Claude Tabel.

Ressources génétiques : trouver le bon équilibre dans la rémunération

Autre enjeu de taille pour le secteur semencier, celui de l’application du traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (Tirpaa). Les semenciers réfléchissent actuellement à définir un cadre juridique pour l’utilisation de plantes natives. L’objectif est de permettre aux semenciers d’accéder, à un coût raisonnable, aux ressources génétiques des collections nationales des pays. Le tout, en prélevant une redevance sur les plus-values réalisées grâce à l’utilisation de cette ressource, afin de permettre le maintien des collections et donc de la diversité génétique. Après plus de deux ans d’absence de discussions, ces dernières devraient reprendre. « L’organe directeur du Tirpaa doit se réunir en novembre 2019, et déjà plusieurs réunions sont programmées sur le sujet », confirme Jean-Christophe Gouache, ancien président de l’ISF.