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Sept candidats face au monde agricole, sans cliché ni chiqué

Le | Agrofournisseurs

L’importance du rendez-vous n’a pas échappé aux 1700 participants de la journée « Ensemble pour nos territoires », organisée le 29 mars à Montpellier, dans le prolongement du congrès de la FNSEA. Ce sont en effet sept des dix candidats à la présidentielle, dont Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui ont répondu à l’interpellation sur cinq points des 22 organisations professionnelles agricoles (1) : défi alimentaire, développement durable, économie et territoire, innovation et recherche et emploi/formation. La salle, très réactive, n’a pas été déçue ! Et ses réactions ont témoigné d’une ouverture à l’image de celle des organisateurs. Marine Le Pen, qui a choqué les congressistes avec un discours radical et en concluant par une attaque frontale envers Xavier Beulin au titre de président de Sofiprotéol, a quitté la salle sous les huées. A l’inverse d’Eva Joly, dont le franc parler, faute de convaincre, a fait tomber quelques idées reçues. Catherine Deger

Photo : François Hollande, à gauche, et Nicolas Sarkozy, à droite : leur présence rattrape-t-elle le faible poids accordé jusqu’à présent aux questions agricoles dans la campagne ?

(1) FNSEA, JA, Groupama, Crédit agricole, MSA, Coop de France, FNA, UIPP, Unifa, Gnis, Axema, Centres de gestion, enseignement agricole privé et maisons familiales, secteurs hippique, exportation de vins, entrepreneurs des territoires, entrepreneurs des paysages.

Peu de dissonance dans les discours des sept candidats sur la spécificité des productions agricoles, la riche diversité des métiers, la contribution de l’agriculture à l’économie nationale et aux territoires. Convergence aussi sur l’importance à accorder à la question de l’eau. Nicolas Sarkozy est ainsi arrivé avec l’annonce, partiellement dévoilée la veille lors du congrès de la FNSEA, de la publication imminente d’un décret permettant de réaliser des retenues collinaires sans autorisation jusqu’à 350 000 m3. Les lignes de fractures ont été plus visibles sur les questions de l’Europe, de la Pac, du principe de précaution et de l’environnement.

Propos de campagne en bref

François Bayrou - Modem - « Pour une politique de prix la plus vraie possible », le candidat du Modem n’entend pas pour autant céder du terrain sur les aides Pac, compensation à des cours faibles au bénéfice des consommateurs. Il s’est prononcé sur les phytosanitaires « pour l’application des mêmes règles pour les produits importés, et à défaut que les importateurs subissent les mêmes sanctions. »

Jacques Cheminade - Solidarité et Progrès - Son intervention a été centrée sur la promotion de l’innovation et de la recherche, à mettre au centre du projet agricole. Il se prononce pour un principe de précaution raisonnable sous contrôle publique.

Nicolas Dupont-Aignan - Debout la République - Il plaide pour le retour à une vraie Pac, que les gouvernements successifs ont détricoté depuis 20 ans. Et propose que l’agriculture fasse l’objet d’un traitement séparé dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, le cinéma ayant bien eu son exception culturelle.

François Hollande - Parti socialiste - Le premier défi, sécuriser les engagements budgétaires en cours de la Pac. Le 2e est le développement durable, progrès et environnement ne s’opposant pas. Le candidat du Parti socialiste prône une politique de long terme pour l’eau, le soutien aux énergies renouvelables (biomasse, biocarburants, photovoltaïque), la création d’une banque publique d’investissements pour les PME, un objectif de 20 % de produits bio et de 40 % de produits issus des circuits dans les collectivités. Autre proposition : la création de groupement d’intérêt économique et environnemental pour mutualiser les investissements environnementaux et bénéficier de mesures incitatives.

Marine Le Pen - Front National - « Le libre échange est vecteur de chaos. La seule solution est le protectionnisme, la renationalisation des aides ». Elle appelle à « faire front face aux prédateurs que sont l’OMC, Bruxelles, les industriels et la distribution » et préconise une interdiction des OGM.

Eva Joly - Europe Ecologie Les Verts - L’Europe n’a pas vocation à nourrir l’Afrique, a indiqué la candidate écologiste, pour qui il serait plus judicieux de développer une agro-écologie performante pour une agriculture locale et durable. Ses propositions : zéro artificialisation des terres en 2050 ; un grand plan protéines ; un meilleur encadrement des marchés et le refus des OGM au profit d’autres voies de recherche.

Nicolas Sarkozy - UMP - Le président-candidat entend poursuivre les allègements de charges par celles pesant sur le régime d’exploitant agricole « si la commission n’y voit pas une aide sectorielle ». En termes de réciprocité il promet la mise en place d’un « Buy european act », consistant à réserver les marchés publics aux entreprises européennes, faute de mesures d’harmonisation des règles à l’importation ; et d’un « Small buseness act », qui affecte cette fois 20 % des marchés publics aux PME, dont la restauration collective. Autre proposition qui sonne bien : tout ministre proposant une nouvelle norme devra en supprimer deux anciennes.