Sival 2019 : les biosolutions bien ancrées en viticulture, maraîchage et arboriculture
Le | Agrofournisseurs
De plus en plus d’exposants font le voyage dans la capitale ligérienne pour le Sival, le salon des cultures spécialisées. Il s’est tenu à Angers du 15 au 17 janvier 2019, pour sa 33e édition. Avec 654 stands, les organisateurs ont dû aménager deux nouveaux bâtiments provisoires, permettant de gagner 1000 m² de stands net.
Le salon s’affirme sur le plan national et international. Ce qui a motivé Didier Guillaume à faire le déplacement le 17 janvier. Lequel a rappelé son ambition de réconcilier toutes les agricultures et de sortir de la dépendance aux pesticides. « La transition agroécologique est l’axe stratégique de mon ministère », a-t-il indiqué. Un tournant pris par le Sival depuis une dizaine d’années face à la suppression de nombreuses molécules phytosanitaires et à la faiblesse d’investissement dans de nouvelles solutions pour la vigne, l’arboriculture et le maraîchage. Au fil des années, il ne cesse de confirmer cette tendance, laissant une large place pour les petites et moyennes entreprises sur le secteur du biocontrôle et des biostimulants.
Les biosolutions s’appuient sur le marketing
Forte de leur développement, ces sociétés investissent de plus en plus dans la communication et le marketing. Elles bâtissent des baseline, censées représenter leur stratégie. La société Arysta, qui commercialise le GoActiv, parle de « performance responsable », quand Nufarm a choisi le mot « Écocroissance ». « Notre stratégie est fondée sur les principes de l’agroécologie, explique Virginie Steunou, nouvelle responsable marketing client. Nous avons d’abord choisi de travailler l’intelligence collective, en co-construisant avec nos clients, et sur le biocontrôle. » Des projets devraient voir le jour contre l’esca de la vigne en 2021 et sur la confusion sexuelle en vigne, dans un avenir plus lointain.
Pour DE SANGOSSE, c’est la « positive production » ! « L’objectif est de réconcilier l’économique avec des produits efficaces et qui permettent de réduire les Indices de fréquence de traitement (IFT), la qualité avec notamment des outils d’aide à la décision, et l’environnement avec les biosolutions », explique Christophe Zugaj, responsable communication. La société présentait son Chekmate puffer, qui arrive sur la vigne pour lutter contre l’eudemis. La solution Escalator contre l’esca de la vigne s’accompagne d’un suivi de parcelles pendant cinq ans de l’évolution de la maladie. « Nous détenons 28 % des principes actifs des produits de biocontrôle, avec des solutions présentes dans les quatre grandes familles, ajoute-t-il. Les agriculteurs veulent des produits qui répondent aux attentes du consommateur et du citoyen. »
Chez Certis, les produits utilisables en agriculture biologique et sur le biocontrôle sont intégrés dans une gamme nommée Biorational. « Nous continuons d’innover sur les cultures spécialisées. Cela fait trois ans que nous sommes primés au Sival et encore cette année avec l’Amylo-X, un produit de biocontrôle à base de Bacillus amylolliquefaciens », explique Agnès Gauliard-Demaldent, responsable des activités marketing.
Un segment épargné par la séparation conseil-vente
Ces biosolutions ne sont pas concernées par la séparation de la vente et du conseil des pesticides. Un distributeur peut ainsi assurer la vente et le conseil sur ces produits. « Dans la filière arboriculture, la séparation est déjà actée, explique Claude Bizieux, directeur approvisionnement de la CAMN (44). Pour le reste, je suis davantage occupé par l’accompagnement des produits de biocontrôle que par ce dossier. » La CAMN, présente au Sival, compte en effet multiplier, en 2019, par cinq l’activité sur la Protection biologique intégrée en maraîchage. Trois personnes y sont dédiées. « Pour accélérer le changement de pratiques vis-à-vis des enjeux environnementaux et sociétaux, nous misons sur l’implication des adhérents dans la vie de la coopérative, explique Claude Bizieux. Nous organisons des réunions avec les parties prenantes dans les territoires, comme les riverains ou les collectivités. Et nous travaillons sur l’élaboration d’une communication positive sur les bonnes pratiques. L’arrêt très médiatisé du metam-sodium a montré qu’il fallait que nous nous posions en relais des actions de nos agriculteurs. »
Des innovations… pas qu’en phytos
La CAMN développe également les filets pour lutter contre les insectes, notamment dans le cadre de l’arrêt des néonicotinoïdes. « Nous en avons vendu plus de trente hectares en quelques semaines », poursuit-il.
La structure appro de Terrena pour le maraîchage, Cecoval (44) confirme l’engouement pour les filets afin de lutter contre les insectes. « C’est une vraie solution face à l’arrêt des néonicotinoïdes », insiste Hélène Boucher, chef produits pour les solutions environnementales, regroupées depuis deux ans sous la marque Equilys. La société communiquait sur cette gamme, qui comprend les produits de biocontrôle et les biostimulants. Elle est en cours de recrutement d’une personne sur la recherche et le développement de ces produits. « Leur intérêt a été confirmé avec l’arrêt du metam-sodium, explique-t-elle. Nous n’avons pas été surpris car le produit est déjà interdit dans certains pays de l’Union européenne. Mais l’interdiction a accéléré la donne sur le biocontrôle. »
La RPD anticipée
Pour la CAPL (49), inimaginable de faire l’impasse sur le Sival. « C’est notre cœur de marché, explique Patrick Chataigner, responsable de l’activité arboriculture. La conjoncture est bonne, le secteur est très dynamique avec beaucoup de plantations, notamment en agriculture biologique. Les solutions alternatives augmentent toujours dans notre gamme. Mais le problème est que les arboriculteurs ne vendent pas plus cher quand ils utilisent du biocontrôle. Les solutions conventionnelles auront toujours leur place. »
La prochaine édition du Sival se tiendra du 14 au 16 janvier 2020.