Référence agro

Sival 2020, les alternatives aux pesticides tirent leur épingle du jeu

Le | Agrofournisseurs

 

Les viticulteurs, arboriculteurs et maraîchers se sont donné rendez-vous du 14 au 16 janvier 2020 à Angers, au salon des cultures spécialisées. Pour les fournisseurs de solutions de biocontrôle ou de biostimulants, le Sival est désormais un rendez-vous incontournable. Les producteurs de ces segments sont en effet confrontés à une demande plus forte de la part des consommateurs, quant à la réduction d’usage des phytosanitaires, et à de nombreuses impasses techniques en la matière, du fait des interdictions de matières actives. Depuis plusieurs années, le salon s’est donc tourné naturellement vers les alternatives aux pesticides.

Donner des clés aux producteurs, avec les distributeurs

« Le biocontrôle représente 23 % des ventes toutes cultures confondues, avec le cuivre, étaye Virginie Steunou, responsable marketing client de NUFARM. Ce chiffre monte à 47 % sur les cultures spécialisées et à 60 % pour la vigne. » Chez CERTIS, les solutions pèsent un tiers du chiffre d’affaires. « Nous devrions atteindre les 50 % d’ici à cinq ans », indique Agnès Gauliard-Demaldent, responsable des activités marketing. « Les labels zéro résidu de pesticides se développent sur ce segment, ajoute Fabrice Lemarchand, cogérant de VIVAGRO. Beaucoup de producteurs nous interrogent sur nos propositions alternatives. » Or, les producteurs n’ont pas encore toutes les clés pour s’abstenir des pesticides, selon Yoann Vandenbussche, directeur commercial sud chez Nufarm.

Les sociétés se positionnent alors comme des partenaires des distributeurs. ANDERMATT travaille sur des itinéraires adaptés, avec le positionnement des produits de biocontrôle dans des programmes plus larges. Même stratégie pour Olmyx, spécialisé dans les produits à base d’algues, présent pour la deuxième fois au salon : « Nous nous rapprochons des distributeurs pour confectionner avec eux les produits dont ils ont besoin », explique Alban Garotin, responsable région Ouest.

Des solutions pour se différencier

La Coopérative des maraîchers nantais a noué un partenariat avec Bioline sur ces solutions. Engagée depuis 25 ans sur les alternatives aux pesticides, la CAMN a multiplié par quatre son activité en production biologique intégrée, PBI, en 2019, comme elle l’avait annoncé lors du précédent Sival. « Plus de la moitié de notre chiffre d’affaires en protection des cultures est réalisé avec des solutions de biocontrôle », explique Claude Bizieux, responsable approvisionnement à la CAMN. Un développement porté également par l’évolution de la réglementation, avec la suppression des 3R et la séparation de la vente et du conseil sur les phytosanitaires. « Les produits de biocontrôle ne sont pas concernés : c’est aussi une des raisons de notre développement en la matière, reconnaît-il. À côté, nous conservons une pharmacie des plantes, incontournable. Mais nous ne faisons pas de réel conseil dessus. »

Selon Pierre Heysch, ingénieur technico-commercial chez Agrauxine, « les produits de biocontrôle constituent pour les distributeurs, dans ce contexte réglementaire, une réelle occasion de se différencier ». Toutefois, malgré l’engouement pour ces solutions, peu de nouveautés étaient présentées par les fournisseurs. Le secteur a été faiblement primé au concours Sival innovations par rapport aux autres années. C’est Agrauxine qui décroche le plus haut prix, avec un Sival d’Argent pour Julietta, le premier biocontrôle à base de levure vivante.

L’apport de la biodiversité

Autre tendance : la Coopérative des maraîchers nantais se penche sur l’apport de la biodiversité. « Nous proposons un service pour les installations des enherbements aux abords des parcelles », poursuit-il. Un virage également pris par Cecoval, filiale maraîchage et arboriculture de Terrena. « Cette année, nous communiquons sur les couverts végétaux, indique Hélène Boucher, chef produit. Nous avons étoffé notre gamme. Nous revenons à l’importance de la vie du sol et nous commençons à avoir une large offre sur les amendements organiques. »