Solution azotée : les sources d’approvisionnement complètement renversées
Le | Agrofournisseurs
Avec l’instauration de mesures anti-dumping sur la solution azotée en 2019, la Commission européenne a complètement bouleversé les flux d’approvisionnement de cet engrais, notamment vers la France. Russie et États-Unis, qui dominaient le marché, se retrouvent désormais loin derrière les producteurs européens.
En l’espace de deux ans, le marché de la solution azotée en Europe et notamment en France s’est complètement redessiné. En cause : les mesures anti-dumping instaurées à l’automne 2019 par la Commission européenne sur les produits de trois origines : la Russie, les États-Unis et Trinidad-et-Tobago. Les États-Unis et la Russie, qui étaient respectivement la première et deuxième source d’approvisionnement de solution azotée de la France en 2018, ont été relégués aux 5ème et 6ème place sur la période 2019/2020 (de juillet à juin). « Nous n’exportons plus de solution azotée vers l’Europe depuis plusieurs mois et nous avons réorienté notre production hors de l’Union européenne », confirme Nathalie Brastel, directrice générale d’Acron France, dont la production de solution azotée est implantée en Russie.
La Biélorussie et la Lituanie, grandes gagnantes
Un contexte qui profite aux origines européennes et notamment à la Biélorussie et la Lituanie, dont des fabricants de ces pays avaient déposé le recours auprès de la Commission pour instaurer les mesures anti-dumping. En à peine deux ans, la Biélorussie a multiplié par dix ses volumes exportés à destination de la France, passant de 42 000 à 428 000 tonnes. « En 2019, le biélorusse Grodno Azot a augmenté sa production de solution azotée de plus de 65 % », souligne Nathalie Brastel. Les exportations lituaniennes sont passées de 191 000 tonnes à 415 000 tonnes en 18 mois. Les Pays-Bas, qui étaient déjà le troisième plus gros fournisseur de solution azotée pour la France, n’ont fait que renforcer leur position ces derniers mois, et constituent désormais le premier exportateur à destination de l’Hexagone.
Difficile d’inverser la tendance
Les mesures ont certes été effectives à l’automne 2019, mais leur annonce avait déjà modifié les flux de produits. En août 2018, la Commission avait déjà fait part de sa volonté d’instaurer des taxes anti-dumping. Cela avait eu pour conséquence une évolution du marché générée par « une hausse imposée par les importateurs en vue de l’instauration de mesures anti-dumping, sorte de « prime de risque » pour eux, mais aussi par la parité euro/dollar qui rend les produits importés plus chers », rappelait Gautier Maupu, analyste chez Agritel, dans notre mag engrais de l’an passé. Les importateurs de ces destinations se sont donc retrouvés moins compétitifs faces aux origines européennes.
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2019-2020* période allant de juillet 2019 à juin 2020. Source : douanes.[/caption]