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Spécial UKRAINE - Rencontre avec Régis Fournier, DG de Maïsadour Semences - « En Ukraine, nous revoyons nos prévisions de croissance à la baisse »

Le | Agrofournisseurs

Au lendemain des élections présidentilles en Ukraine et alors que les tensions restent au coeur de l'actualité dans ce pays, nous vous proposons une analyse des conséquences sur les activités agricoles amont et aval  (lire nos autres actualités dans cette lettre). Maïsadour semences a investi en Ukraine, c'est pourquoi  Régis Fournier, son directeur général, nous explique les conséquences des évènements actuels sur les activités de son groupe.


Les troubles à l'Est de l'Ukraine ont-ils un impact sur l'activité de votre entreprise implantée dans ce pays ?

Régis Fournier  : Notre site de production est situé à l'Est de Kiev, dans la région de Dniepropetrovsk qui n'est pas concernée par l'agitation politique plus à l'Est, à Donetsk. Nous n'avons été témoins d'aucune manifestation, aucun heurt, aucune prise de bâtiment public et notre environnement de travail est très calme. Nous poursuivons nos investissements comme prévu, avec le chantier concernant le doublement de nos capacités de production. Nous avons à l'inverse constaté qu'il est plus facile de travailler en Ukraine aujourd'hui et que les administrations sont remises en ordre de marche, avec une moindre complexité administrative. Nous sentons bien que l'Europe est davantage présente et que les démarches du quotidien se sont simplifiées.


Votre business en Ukraine va-t-il pâtir cette campagne de la fragilité économique ambiante ?

R. F. : Même si les situations sont très contrastées d'une structure agricole à l'autre, nous assistons à un manque cruel de trésorerie chez la plupart de nos clients producteurs et à un gel des prêts de la part des banques. Le tout, sur fond de dévaluation de 50 % de la monnaie locale ukrainienne. Cela impacte autant sur les capacités d'investissements en intrants, semences en tête, que sur les perspectives de commercialisation des futures récoltes. Nous manquons de visibilité sur la baisse possible des surfaces emblavées, même si le ministère de l'Agriculture ukrainien parle de stabilité. A ce jour, nous estimons que la baisse des surfaces de maïs pourrait atteindre -9,6 %. Mais en y ajoutant le recours à des semences locales, voire de ferme, nous estimons que le marché des semences élites devrait baisser plus sensiblement. C'est vrai en tournesol également. Nous avions des objectifs de forte hausse de nos ventes cette année, comme les années précédentes, mais nous serons loin de les atteindre, comme cela avait été le cas en 2009 lors de la crise financière. La crise en Ukraine n'a en revanche jusque-là pas d'impact sur nos clients russes, qui sont pour partie livrés depuis l'Ukraine. Leur demande a été très soutenue cette année, en maïs comme en tournesol, et nous avons dépassé nos objectifs.