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Stéphanie Tiprez entend renouveler Afaïa, tout en maintenant de solides bases

Le | Agrofournisseurs

En février 2023, Stéphanie Tiprez a pris la direction d’Afaïa, le syndicat professionnel des fabricants et metteurs en marché des supports de culture, paillages, amendements engrais organiques et organo-minéraux, et biostimulants. Disposant d’une solide culture réglementaire, elle souhaite s’inscrire dans la continuité de Laurent Largant, qui avait été directeur durant 14 ans, tout en imprimant sa patte.

Stéphanie Tiprez entend renouveler Afaïa, tout en maintenant de solides bases
Stéphanie Tiprez entend renouveler Afaïa, tout en maintenant de solides bases

« Je suis arrivée à Afaïa en mars 2020, le jour du confinement », sourit encore Stéphanie Tiprez, lorsqu’elle se remémore ses débuts au sein du syndicat. Elle est alors recrutée en tant que chargée de missions, mais il est d’ores et déjà prévu qu’elle remplace Laurent Largant à la direction, lors du départ en retraite de ce dernier. « Cette anticipation, plutôt rare, m’a plu, confie-t-elle à Référence agro. L’objectif était dès lors de préparer cette transition en douceur. »

La mise en marché demeure difficile

Auparavant, elle est cheffe de projet normalisation au sein de l’Afnor, durant plus de douze ans. Elle a aussi été secrétaire du comité technique européen sur les biostimulants, et s’est occupée du collège biostimulants, et en partie du collège amendements et engrais, au sein d’Afaïa. Des expériences qui lui permettent de poser un regard expert et lucide sur les enjeux de ces filières, en particulier sur les biostimulants.

« Aujourd’hui, l’enjeu de ce type de produits, c’est la mise en marché, pointe-t-elle. Au niveau européen, les choses commencent à s’accélérer, et nous avons enfin un organisme notifié français accrédité. » Mais au niveau national, il demeure difficile, et coûteux, de mettre en marché des produits biostimulants. « C’est plus facile de mettre en marché un produit phytosanitaire qu’un produit de biostimulation car les règles ne sont pas forcément claires et connues de tous les pétitionnaires. »

Besoin de cohérence(s) en politiques publiques

« Nous savons qu’il y a encore des réticences, des biostimulants-sceptiques, reconnaît-elle. La problématique des biostimulants, c’est qu’en fonction des conditions, ils peuvent ne pas fonctionner. Sur les produits destinés à l’adaptation au stress hydrique, il faut qu’il y ait une chaleur excessive pour en voir les effets. Parfois, au champ, un produit ne marche pas. Il nous faut comprendre pourquoi, et pousser la recherche encore plus loin. » Il est primordial, selon la nouvelle directrice d’Afaïa, « qu’il y ait une cohérence en termes de politiques publiques. On évoque sans cesse l’adaptation au réchauffement climatique, l’ autonomie pour l’alimentation, la réduction des impacts environnementaux… Les biostimulants, seuls ou en combinaison avec d’autres solutions, répondent à ces enjeux, ils doivent être valorisés. »

Faudrait-il une stratégie de déploiement des biostimulants, à l’image de ce qui a été lancé pour le biocontrôle, en 2020 ? « C’est un peu tard, nous y travaillons depuis 2017 et avons fait sans », estime Stéphanie Tiprez. Même si le Grand Défi Biocontrôle et Biostimulants ne remplace pas, selon elle, les efforts qui auraient pu être fournis plus tôt, « ce Grand Défi est une belle opportunité qui donne de la visibilité et de la crédibilité à nos produits, reconnaît-elle. Il y a encore énormément de choses à améliorer. »

Stéphanie Tiprez veut mieux répondre aux besoins des adhérents

La filière biostimulants est actuellement éclatée entre des entreprises installées, au développement industriel rodé, des firmes phytosanitaires qui souhaitent prendre des parts du marché biostimulants, et des acteurs isolés et locaux, qui n’ont pas forcément d’intérêts à entrer dans une démarche collective. « Il y a sans doute besoin de faire du tri dans tout cet écosystème, d’identifier les différents acteurs mais aussi les régions qui souhaitent s’inscrire dans une démarche d’agroécologie en développant les biosolutions, comme la région Grand Est par exemple. Mais la priorité reste et restera de répondre aux besoins de nos adhérents et de défendre leurs intérêts. »

En interne, la directrice d’Afaïa souhaite en priorité recruter, pour remplacer le poste qu’elle a laissé vacant lorsqu’elle a pris la direction, mais aussi pour un poste d’assistant à temps partiel. « Le syndicat s’est professionnalisé, avec l’arrivée d’une chargée de missions en charge de la qualité et des questions environnementales en début d’année 2022 et une autre chargée de la communication et des relations publiques, à l’automne, se félicite-t-elle. Cette année, mon objectif est de faire perdurer l’existant, mais aussi d’imprimer ma patte, d’apporter une touche de modernité. »