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Tendance engrais - Brutal et ample recul des prix

Le | Agrofournisseurs

Il faut avoir les nerfs solides pour intervenir sur ce marché ! Encore une fois, les opérateurs les plus expérimentés soulignent n’avoir jamais vu ça : des prix en chute libre sur l’urée ; un coup d’arrêt complet aux achats d’engrais de fond en pleine période d’utilisation ; un marché international déboussolé par la crise financière et la chute du prix du pétrole. En regardant un peu plus loin que cette campagne, l’idée se fait jour d’un retour (enfin) aux fondamentaux du marché, et à la valeur d’usage des intrants…

« Heureux celui qui s’est couvert en été… ». Le constat est d’un distributeur, il pourrait évidemment aussi émaner d’un agriculteur. Car si les prix étaient déjà élevés cet été, ils ont littéralement flambé fin août-début septembre, avant de retomber sur l’international, en lien avec la crise financière qui dépasse largement les opérateurs sur le physique.

Catherine Deger

Le retrait des spéculateurs s’est fait sentir autant sur les prix des matières premières agricoles que sur ceux des engrais. Le pétrole recule lui aussi de moitié, à quelque 67 dollars le baril, alors que le dollar reste très fluctuant par rapport à l’euro. Dans ce contexte, les agriculteurs qui ne se sont pas couverts jusqu’à présent ont carrément cessé les achats : « En engrais de fond, mais aussi en azotés et en complets, la totale ! », s’exclame un distributeur dans une zone céréalière. En polyculture-élevage, les achats sont également sérieusement ralentis.

Ce sont les engrais de fond qui risquent d’accuser l’essentiel du choc. Un repli de 30 %, comme annoncé dans tendance de septembre pourrait même être une estimation optimiste. On passe d’une course aux disponibilités à l’inquiétude de voir la valeur des stocks fondre.

La situation est moins critique en termes de valeur des stocks pour les solutions azotées, peu stockées. L’ammonitrate, pour l’heure, est le seul engrais dont les prix se tiennent… Le temps que les achats d’urée sur l’international, où les disponibilités existent, viennent bousculer ce fragile maintien ? La quasi absence de production en France actuellement rend d’autant plus dépendant de l’international le marché de l’ammonitrate. Et c’est bien de l’importance des achats d’urée (dont les cours remontaient légèrement fin octobre), que va dépendre une partie de la marge distribution de cette campagne.

Les cotations au 24 octobre 2008 (prix en euros par tonne pour des quantités importantes, stade distribution - dollar à 1,265 euro)

Solutions azotées : octobre, départ port, 255-260 sur Rouen ; 245-250 sur La Pallice.

Ammonitrates : franco magasin de la distribution, 33,5 %, 467-470 sur octobre-novembre ; en 27 %, octobre-novembre, 376- 380.

Urée : octobre, 330 (début septembre, 620 euros, mi-octobre, 300).

Phosphatés : en franco magasin, octobre, TSP, 700 euros ; DAP, 800 euros (sans acheteur).

Potasse : franco camion de la distribution, octobre-novembre, 635, selon départ, prix vendeur ; VDB, 620 tarif, 610 traité sur octobre.

Engrais composés, NPK base 13/6/23, vrac franco, octobre, 580 ; binaire base 20/30, 660 euros.