Tendance engrais : l’urée s’envole en entraîne tous les azotés
Le | Agrofournisseurs
En quelques jours, le cours de l'urée a gagné plus 50 $ entraînant dans son sillage les cours des autres engrais azotés. La distribution, qui n'est pas totalement couverte, comme les fournisseurs, s'interrogent : simple sursaut ou hausse durable ?
Comme un élastique. Le cours de l'urée avait atteint un niveau tellement bas, que le rebond est d'autant plus violent. En moins d'une semaine, il a grimpé de plus de 50 $ sur l'international. Les Etats-Unis ont anticipé leurs achats, habituellement réalisés vers janvier-février. Les usines d'urée en cours de construction sur le sol américain n'ont toujours pas débuté leur production. Deuxième facteur de hausse : les exportations chinoises sont nettement inférieures aux estimations et en retrait sur les précédentes campagnes. Ces éléments, déjà connus, ne laissaient pas présager une telle flambée des cours. Et pourtant. « Nous avions une bulle à la baisse, qui a fini par exploser », commente un fournisseur. L'élection de Donald Trump s'est traduite par l'appréciation du dollar face à l'euro, accentuant le phénomène pour les acheteurs européens. A cela, s'ajoute la fermeté du fret. D'après l'indicateur « Baltic Dry » relatif au transport de vrac sec, les prix n'ont cessé de grimper en novembre pour atteindre leur niveau le plus haut depuis août 2015.
Frémissement chez les distributeurs
Le doute persiste sur le temps que durera ce phénomène, tant chez les fournisseurs que chez les distributeurs. Ces derniers semblaient s'être couverts en grande partie, bénéficiant des prix attractifs depuis le printemps. Toutefois, les producteurs notent des signes d'inquiétude chez leurs clients. « Nous ne réalisions ces derniers mois que des ventes au coup par coup, camion par camion, et soudainement, des distributeurs se portent à l'achat d'un bateau entier, bien que le prix soit nettement supérieur aux semaines passées », témoigne un fournisseur d'azotés. Un réflexe classique dans un marché haussier. La difficulté à vider les cases, faute de demande de la part des agriculteurs, limite pour d'autres ce retour sur le marché. « Même si nous ne sommes couverts qu'à 50 %, on ne peut pas se permettre de laisser de l'urée dehors », indique un distributeur de Rhône-Alpes. Cette escalade du prix de l'urée entraîne, mais avec une moindre amplitude, une hausse de la solution azotée et de l'ammonitrate. Les fournisseurs affichent avec prudence leurs cotations, voire les suspendent, le temps d'y voir plus clair. Ce, d'autant que des problèmes techniques sont notés sur les outils de production, comme à l'usine Yara de Montoire. Les prix ont progressé de 10 à 15 euros, mais une hausse plus significative est attendue pour les jours à venir.
Les cours du DAP et du TSP progressent légèrement, en partie du fait de la parité euro/dollar. Les prix des engrais composés sont pour l'instant stables mais ils devraient mécaniquement répercuter l'évolution de leurs composants.
Cotations au 18 novembre, prix en euros par tonne pour des quantités importantes, stade distribution. Euro à 1.0635 USD (entre parenthèses, cours le 21 octobre, euro à 1.0869 USD).
- Solutions azotées : départ port, sur Rouen, novembre 140-150 (octobre, 137-140) ; La Pallice, 155 (octobre, 144-146)
- Ammonitrates : vrac franco magasin de la distribution, 33,5 %, novembre 225 (octobre, 214-216) ; 27 %, aux alentours de 180 (octobre, 165-170). Importation, logé, selon ports et provenance, 34,4 %, aux alentours de 200 (octobre 194-196).
- Urée : granulés, VDB ports de l'Atlantique, novembre 270-275 (octobre, 220-225).
- Phosphatés : VDB ports de l'Atlantique, TSP, novembre autour de 285 (octobre, autour de 280) ; DAP, 325-330 (octobre, 320-325).
- Potasse : VDB ports de l'Atlantique, novembre autour de 250 (octobre, 245) ; franco camion de la distribution, novembre 260 (octobre, 255).
- Engrais composés : vrac franco magasin, qualité standard, PK base 25/25, novembre autour de 290-295 (octobre, autour de 290-295) ; base 3 x 15, autour de 290 (octobre, autour de 290)