Tendances fongicides céréales : entre pénuries et baisse de marché
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La France est contrastée. D’un côté, le Nord, qui doit gérer des pénuries de fongicides. De l’autre côté, le Sud et l’Ouest, où les pluies incessantes depuis octobre pénalisent le marché. Les professionnels avancent plusieurs raisons expliquant la tension en approvisionnement : l’augmentation des volumes commercialisés par les firmes phytosanitaires hors Union européenne et la hausse de la consommation ces deux dernières années liée aux cours élevés des céréales et à la pression parasitaire. S. Ay.
Un manque de 10 %
« Nous passons beaucoup de temps à gérer ces ruptures d’approvisionnement ainsi qu’à réfléchir à des alternatives », reconnait Olivier Buttout, responsable approvisionnement chez Agralys (28). Les distributeurs ont été prévenus à l’automne dernier de la diminution des disponibilités. « Nous nous sommes alors aperçus qu’il allait nous manquer environ 10 % de produits, témoigne Christophe Hamez, responsable de la zone Pas-de-Calais chez Uneal (62). Nous avons donc élargi notre gamme habituelle avec de nouveaux produits ». Les volumes ont quant à eux peu évolué. « Certes, 10 % des semis ont été réalisés plus tard que d’habitude et ne recevront que deux applications de fongicides au lieu de trois habituellement sur ma zone, poursuit Christophe Hamez. Mais, cela ne va pas changer la donne et le coût des programmes tournera aux alentours de 80 à 120 euros par hectare ». Difficile aujourd’hui de prédire le niveau de la pression parasitaire. « Il faut attendre la mi-mars pour avoir une première estimation sur piétin », indique le responsable de région d’Unéal. « Avec le froid hivernal, on peut s’attendre à une pression maladie faible », avance cependant Olivier Buttoud.
Sud-Ouest, en baisse
Autre son de cloche dans le Sud-Ouest. Ici, pas de pénurie, le marché est en baisse. « On sème encore aujourd’hui, indique Jean-Maurice Pruvost, technico-commercial chez la nouvelle entité Arterris (11). En moyenne, les surfaces en céréales sur la zone devraient diminuer de 10 % avec des chutes à - 20 - 25 %, comme en Haute-Garonne ». A cela s’ajoute la morosité économique. « Les agriculteurs vont freiner sur la protection des cultures. On s’attend à une baisse des volumes de fongicides de 20 % pour cette campagne ». Quid de la pression parasitaire ? « Il ne devrait pas y avoir trop de soucis avec l’oïdium, indique Jean-Maurice Pruvost. Par contre, il y a déjà beaucoup de septorioses ».