Tout savoir sur la lutte contre les maladies du bois de la vigne
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L’Institut français de la vigne et du vin (IFV) vient de publier une plaquette dans laquelle elle fait le point sur les maladies du bois de la vigne. Résultats d’études, stratégies de lutte, pistes de recherche… y sont répertoriés. Première conclusion importante de cette synthèse : deux des champignons vecteurs de l’Esca, l’une des trois maladies du bois (avec l’eutypiose et Black Dead Arm), ne se propagent pas par les sécateurs. Pour découvrir l’ensemble de la synthèse : http://www.vignevin.com/menu-haut/actualites.html M.-N.C.
Pas de contamination par les plaies de taille
La désinfection des outils de taille entre chaque pied pour empêcher leur propagation est donc inutile, même si l’opération reste indispensable en cas de nécrose bactérienne. Selon une étude menée dans la région de Cognac, la taille tardive et la protection des plaies de taille s’avèrent inefficaces ; même si la taille tardive est efficace contre l’eutypiose. En outre, les mastics ou encore l’escudo (interdit depuis 2007) qui possèdent une certaine efficacité dans la protection des plaies de taille face à l’eutypiose, sont également sans efficacité sur l’expression des symptômes foliaires de ces deux maladies du bois que sont l’esca et le BDA.
Trichoderma, SDN, mode de conduite : pas d’efficacité concluante
A propos du dossier « Trichoderma », l’IFV détaille ses conclusions : pas d’efficacité envers esca et BDA sur les plaies de taille, pas d’intérêt en pépinière, pas concluants en pulvérisation hivernale ni en application ni via un compost au sol. Par ailleurs, la piste « pulvérisation » préventive ou curative de fongicides, de Stimulateurs des Défenses Naturelles (SDN) ou de fertilisants ne donne aucun résultat significatif et l’étude des modes de conduite de la vigne menée en Beaujolais met en évidence un impact variable qui ne permet pas d’aboutir à des préconisations.
Etapes « clés » de contamination identifiées en pépinière
En pépinière, les recherches ont permis d’identifier les étapes clés favorables à la contamination des champignons et l’étude des différentes méthodes désinfection a montré que seul le traitement à l’eau chaude, déjà préconisé dans le traitement du phytoplasme de la flavescence dorée, avait certains résultats intéressants. A confirmer. De nouveaux produits, déjà utilisés pour la désinfection des denrées alimentaires sont aussi en test.
Des pistes porteuses d’espoir
Dix ans après l’interdiction de l’arsénite de sodium pour lutter contre l’esca, le vignoble français a fait face en 2010 à une très forte extériorisation de symptômes d’esca et de Black Dead Arm (BDA). L’IFV rappelle que la lutte contre les maladies du bois fait l’objet d’un grand projet de recherche contenant 5 grands axes. Piloté par l’IFV, ce projet est mené en collaboration avec le Comité National Interprofessionnel des Vins d’Appellation d’Origine (CNIV) et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA). Il bénéficie par ailleurs d’un budget de 1,5 M€ sur 3 ans (2010-2012).
Le premier axe de recherche étudie le BDA pour déterminer les mécanismes impliqués dans l’expression des symptômes et identifier des toxines.
Le deuxième axe porte sur l’épidémiologie de l’esca et du BDA pour connaître l’impact de la prophylaxie dans la gestion des maladies du bois et définir la microflore non pathogène du bois de vigne afin de concevoir des produits de lutte biologique.
Le troisième axe vise l’identification des marqueurs physiologiques et moléculaires impliqués dans la tolérance de la vigne vis à vis de certains champignons des maladies de dépérissement. Des marqueurs qui pourraient être utilisés pour sélectionner des cépages tolérants.
Le quatrième axe étudie l’impact des choix culturaux sur le développement des maladies du bois.
Le cinquième axe enfin, porte sur la production de plants indemnes de champignons associés aux maladies du bois avec comme objectif la mise au point de contrôle par analyse PCR en sortie de pépinière et l’obtention de processus de multiplication garantissant la production d’un matériel indemne.