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Traçabilité et big data : les filières agricoles se mobilisent

Le | Agrofournisseurs

Les Rencontres d’Agro EDI Europe, le 7 juin 2018 à Paris, ont permis à 120 participants, parmi lesquels de nombreux distributeurs, de faire le point sur les avancées relatives à la traçabilité dans les filières agricoles et au big data. Interrogé par reference-appro.com, Bruno Prépin, délégué général d’Agro EDI Europe, revient sur cette journée d’échanges.

« Le travail collectif en matière de traçabilité est une réussite : les projets se concrétisent ou sont en voie de l’être. Les actions relatives aux projets big data sont en revanche plus difficiles à mettre en œuvre. Nous sommes confrontés au manque de volonté des acteurs de mettre des données en commun ».

SC Trace phytos : les coopératives, plus engagées que les négoces

La démarche SC Trace, lancée en 2011 de manière volontaire par les professionnels de la filière, est largement déployée sur le secteur des phytos. Cette traçabilité harmonisée via l’apposition d’un code à lecture optique (datamatrix) sur chaque palette, carton et bidon, optimise la logistique et la réception. Elle permet également de répondre aisément à l’obligation réglementaire datant de 2016 de conserver les numéros de lots et les dates de fabrication des produits.

« Les lignes de conditionnement des fournisseurs sont équipées à 97 % », précise Bruno Prépin. Chez les distributeurs, les avancées permettant de générer cette traçabilité à la réception, dans les systèmes d’informations et sur les points de vente, ne sont en revanche pas homogènes. « Côté coopératives, je suis assez confiant : la majorité d’entre-elles ont pris conscience du sujet et se montrent proactives, reprend le délégué général de l’association. En revanche, côté négoces, je m’interroge. Bien que FNA joue le jeu, seuls 10 % des négoces sont adhérents à Agro EDI Europe. Donc soit ils utilisent notre démarche illégalement, soit ils ne se sentent pas concernés. »

SC Trace semences : en cours de déploiement

Sur les semences, la démarche SC Trace est également en cours de déploiement, bien qu’il n’existe aucune obligation réglementaire. « Sur ce secteur, nous n’avons pas encore fait de bilan », confie Bruno Prépin.

Enfin, une traçabilité s’instaure également sur le secteur des fertilisants. « Des pilotes sont en place, la démarche est en construction. D’autant que contrairement à SC Trace, il faut prendre en compte un historique traçabilité chez certains fournisseurs. »

Big Data Agri : un travail collectif difficile

Les projets relatifs au numérique se multiplient, mais restent individuels. « Les acteurs ne se montrent pas volontaires pour mettre en commun leurs données, explique Bruno Prépin. Pourtant, les projets collectifs ne peuvent qu’être gagnants et permettraient, entre autres, de mettre en place des actions préventives. Une épidémiosurveillance animale, par exemple, servirait à anticiper d’éventuelles crises. Des prévisions de récolte permettraient d’agir sur les marchés à terme. » Le délégué général reste cependant confiant : « C’est une question de maturité. Les professionnels agricoles y viendront. S’ils n’y viennent pas, ils seront perdants, car d’autres acteurs puissants du numérique le feront à leur place. »