Une étude souligne la présence persistante de néonicotinoïdes sur colza après le moratoire européen de 2013
Le | Agrofournisseurs
Bien que faisant l’objet de restrictions depuis 2013 au niveau européen, trois molécules de la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame) ont été détectées sur colza. Or, les restrictions d’usage de l’UE prenaient la forme d’une interdiction sur les cultures attirant les abeilles. Ce constat, qui suggère une présence latente des molécules dans l’environnement, est formulé dans un travail commun au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et à l’Institut de l’abeille (ITSAP), publié le 27 novembre.
Imidaclopride, particulièrement présente
Leur travail est fondé sur le suivi de 291 parcelles (soit 536 échantillons) de colza d’hiver pendant cinq années consécutives au moratoire européen, de 2014 à 2018 (1). L’imidaclopride a été détecté chaque année, dans 43 % des échantillons analysés et 48 % des parcelles, « sans tendance à la baisse au cours des années mais avec une forte variation interannuelle », selon le communiqué du CNRS. Cette variabilité est notamment sensible entre 2015 (détection dans 5 % des parcelles) et 2016 (90 %). Si certaines concentrations sont ponctuellement très élevées, jusqu’à 70 ng/mL, une grande partie des échantillons (92 %) ne contenaient qu’entre 0,1 et 1 ng/mL d’imidaclopride.
L’étude va jusqu’à faire le lien entre la présence de l’imidaclopride et le risque pour les abeilles. Les chercheurs estiment qu’il a été maximal en 2014 et 2016, « avec environ 50 % des butineuses susceptibles de mourir de l’imidaclopride dans 12 % des parcelles étudiées ». Sur ces années, 10 à 20 % des parcelles présentaient un niveau de contamination « associé à un risque de mortalité équivalent pour les bourdons et abeilles solitaires ».
(1) En France, ces trois molécules sont interdites depuis septembre 2018.