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Une étude sur la toxicité du maïs NK 603 relance la polémique sur les OGM

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De nouveau au cœur de l’actualité, le dossier des OGM n’en finit pas de faire réagir. Le 19 septembre, est parue une étude montrant la toxicité du maïs OGM NK 603 de Monsanto et du Round Up. Un dossier publié dans la revue scientifique Food and Chemical toxicology et relayé en France par le Nouvel Observateur. Auteur de ce rapport : Gilles-Eric Séralini, chercheur à l’université de Caen et également président du Conseil scientifique du Criigen, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique. Ces travaux montrent que des rats nourris avec du maïs OGM, cultivés ou non avec du Round Up, et des rats alimentés avec une eau contenant de faibles doses de l’herbicide, présentent des tumeurs, des maladies et des mortalités deux à trois fois plus rapides que les témoins. « Des résultats alarmants », selon Gilles-Eric Séralini, qui publie par ailleurs le 26 septembre un livre « Tous Cobayes », aux éditions Flammarion. Le gouvernement a réagi immédiatement : Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, déclarant que l’étude « conforte la position qui était la nôtre » et que « j’ai toujours défendue ». La fiabilité de l’étude est en cours d’analyse par l’Anses.

Reste que la fiabilité de cette étude, son protocole, qui testent à la fois la toxicité de l’OGM et de l’herbicide, et l’interprétation des résultats doivent être vérifiés.

Stéphanie Ayrault

Photo : Gilles-Eric Séralini, chercheur et auteur de l’étude.

Elle fait l’objet d’une saisie de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et d’une analyse par le Haut Conseil des Biotechnologies. Lequel appelle à la prudence afin de « prévenir la surinterprétation médiatique de données scientifiques qui nécessitent une analyse approfondie ».

Initiatives Biotechnologies Végétales et l'Association française de biotechnologies végétales, AFBV, indiquent qu’il existe déjà de nombreuses études toxicologiques qui ont évalué les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux et qui n’ont jamais révélé d’effets toxiques des OGM.

L'Académie d’Agriculture de France prend acte des résultats nouveaux obtenus chez le rat. « Aucune des autres études de longue durée précédemment publiées n’a révélé de tels effets », indique l’Académie d’Agriculture qui considère que « la reproduction de ces résultats est indispensable avant d’en tirer des conclusions ».

Pour les associations environnementales, il y a urgence. Greenpeace demande un moratoire immédiat en Europe.

Selon France Nature Environnement, cette étude révèle « une très sérieuse remise en cause de la fiabilité des protocoles d’évaluation mis en place par l’industrie agroalimentaire » .

Même tonalité pour José Bové qui incrimine les données fournies par les « multinationales ».

Le WWF France appelle à une évaluation de l’innocuité des OGM, « consommés quotidiennement par des millions de Français, via les agences de sécurité sanitaire européennes ». Si les résultats de cette étude se vérifient, « c’est l’ensemble de l’industrie des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) qui serait remise en cause », poursuit l’association.

Rappelons qu’en France, le maïs OGM NK 603 est autorisé dans l’alimentation humaine et animale, mais non en culture. En fonction des résultats de l’Anses, le gouvernement pourrait demander de suspendre en urgence l’autorisation d’importation dans l’Union européenne de ce maïs.