Variétés tolérantes aux herbicides : une utilisation à entourer de précautions
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Les variétés tolérantes aux herbicides (VTH) peuvent apparaître comme des outils complémentaires intéressants face à certaines situations de désherbage difficile, mais une utilisation répétée qui ne prendrait pas en compte l’évolution concomitante de la flore adventice pourrait les rendre inefficaces à moyen terme. Telles sont les conclusions d’une expertise scientifique collective menée conjointement par le CNRS et l’Inra à la demande des ministères chargés de l’Agriculture et de l’Ecologie. Selon cette synthèse, principalement fondée sur l’expérience nord-américaine et rendue publique le 16 novembre, le caractère pérenne des VTH dépendra des conditions de leur déploiement et de l’accompagnement des acteurs pour favoriser la prise en compte des effets à moyen et long terme, sur la parcelle et au niveau régional. Le risque étant l’apparition d’adventices résistances, l’augmentation de l’utilisation d’herbicides, etc, et la pollution des masses d’eau. En France, quelques variétés tolérantes aux herbicides de maïs, tournesol et colza, qu’elles soient OGM ou non, sont cultivées ou font l’objet d’une demande d’inscription au Catalogue officiel des espèces et variétés. Le gouvernement a donc voulu connaître leur impact sur le territoire. Car sur le continent américain, les cultures transgéniques tolérantes au glyphosate, largement utilisées depuis une quinzaine d’années, ont conduit au développement de flores adventices résistantes et, au final, à une consommation massive d’herbicides. Pour ne pas aboutir à un tel résultat, l’expertise scientifique CNRS/Inra préconise donc une gestion des adventices ne s’appuyant pas uniquement sur les VTH, mais intégrant une large palette de leviers génétiques, agronomiques et organisationnels, avec notamment une diversification des cultures.