Référence agro

« Sans revenu, les agriculteurs auront du mal à mettre en œuvre la transition agroécologique », Didier Guillaume lors de ses vœux 2020

Le | Ils-l-ont-dit

Plus d’un an après son arrivée au poste de ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume maintient le cap sur son objectif de mise en œuvre de la transition agroécologique. Un objectif au cœur de la présentation de ses vœux à la presse, le 23 janvier. « Nous pouvons discuter du rythme, mais pas de la trajectoire », a-t-il déclaré, tout en insistant sur le rôle à jouer par les agriculteurs. « Le développement durable doit être incarné par toute la société, mais aussi, et notamment, par les agriculteurs. »

Concernant les récents chiffres sur l’augmentation des ventes de produits phytosanitaires, le ministre a admis que cela posait question : « Oui, il y a les explications de la RPD, du développement des solutions combinatoires, mais nous devons arriver à faire baisser le nombre de doses achetées. »

 Pour une exception agricole et alimentaire

Didier Guillaume s’est par ailleurs montré très optimiste sur l’atteinte de 15 % de la SAU convertie en bio d’ici à 2022. « Il n’y a jamais eu autant de conversions qu’en 2019, 10 % des agriculteurs sont aujourd’hui en bio. Nous allons atteindre notre objectif. » Une dynamique sur laquelle le ministre insiste en réaction au dénigrement dont est victime le secteur agricole. « Les agriculteurs sont des écologistes. Une personne qui travaille la terre ne peut être une empoisonneuse », a-t-il indiqué, rappelant son positionnement ferme contre l’agri-bashing.

« Nous manquons de dialogue et de patience dans notre pays. Il est légitime d’avoir des revendications, mais la sérénité et l’apaisement sont indispensables. Les violences doivent cesser. » Insistant également sur la qualité des productions françaises, le ministre a plaidé pour que l’Europe travaille à une « exception agricole et alimentaire », pour défendre les produits alimentaires français et européens, lors de la signature d’accords de libre-échange.

Revaloriser les aides européennes pour les agriculteurs engagés

Didier Guillaume prévient que la transition agroécologique ne se fera pas sans moyen dans les exploitations. « Le compte n’y est pas, réagit-il en évoquant le fragile état des revenus agricoles. Sans un revenu décent, il sera difficile pour les agriculteurs de concrétiser la transition agroécologique. » Il évoque ainsi la bataille actuellement menée au niveau européen concernant le budget européen pour la période 2021-2027, dont dépendra l’enveloppe affectée à la Pac post-2020. « La France mène la fronde contre la Commission européenne, il est hors de question que nous acceptions un recul du budget dépassant les conséquences du départ du Royaume-Uni. » Sur le sujet plus précis de la Pac, Didier Guillaume s’est par ailleurs montré en faveur d’une revalorisation des aides pour les agriculteurs mettent en place des pratiques favorisant la transition agroécologique et travaillant à la prévention des risques.

Le cap est fixé mais reste à savoir combien de temps le capitaine restera à la barre. Didier Guillaume est resté discret quant à sa campagne pour les municipales à Biarritz et son potentiel départ du ministère.