Séparation vente/conseil : « pas question de contourner la loi » pour Antoine Hacard
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Pour sa première conférence de presse en tant que président de la Coopération agricole Métiers du grain, Antoine Hacard, président de Cérésia, a rappelé, le 3 février à Paris, l’impossibilité à tenir les délais imposés par le Gouvernement concernant la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires. Elle doit être effective le 1er janvier 2021, mais les décrets fixant les modalités d’application ne sont pas prévus avant le mois de mai. « La séparation se fera. Nous avons essayé de dissuader les pouvoirs publics de mettre en place cette mauvaise mesure. La révolution est terminée, estime-t-il. C’est déraisonnable de penser qu’en cinq mois, nos managers puissent mettre en place une telle mesure. Le délai supplémentaire minimum serait de six mois, et l’idéal d’un an. » Il prend l’exemple de sa coopérative Cérésia qui dispose aussi d’une filiale d’approvisionnement pour les vignerons champenois. Si Cérésia optait pour le conseil, elle ne pourrait plus exercer son activité de vente via sa filiale. « Typiquement le cas où on ne peut pas tout faire évoluer en six mois ! »
Des contrôles plus souples au début
Si Didier Guillaume s’était montré fin décembre plutôt enclin notre enquête le mois dernier, une majorité des coopératives opteraient finalement, et parfois par défaut, pour la vente. Antoine Haccard justifie ce choix par trois arguments principaux. « Nous avons la responsabilité des collaborateurs de nos entreprises. Nos adhérents ne nous demandent pas de cesser l’activité de vente et nous ont mandaté pour massifier nos achats. Enfin, l’activité d’appro est historiquement plus contributrice que la collecte au résultat, bien qu’il reste modeste ». Toutefois, pour lui, cette mesure ne sonne pas le glas du conseil chez les distributeurs, au contraire ! « Le conseil relatif aux produits phytosanitaires ne représente que 20 % de notre activité de conseil. Si on doit se séparer de ce conseil, nous continuerons à faire celui lié à la fertilisation ou aux semences par exemple », insiste Antoine Hacard.
Guides, outils de chiffrage, études à disposition des coopératives
Pour accompagner au mieux ses adhérents, la Coopération
agricole a travaillé sur plusieurs outils. Elle vient de publier un guide, où
sont simulés sept scénarios sur la séparation de la vente et du conseil des
produits phytosanitaires. « Nous avons aussi fourni aux coopératives des
outils pour chiffrer les impacts de la mesure. Mais quel que soit le scénario
choisi, le chiffre d’affaires lié aux produits phytosanitaires baissera pour
toutes les coopératives, car cela s’inscrit dans nos objectifs d’utiliser moins
de pesticides demain, mais plus de biotechnologies, de numérique »,
indique Anne-Laure Paumier, directrice du pôle Métiers du grain de la
Coopération agricole. Avec l’observatoire des métiers, le syndicat mène une
étude sur l’évolution des métiers dans la coopération, notamment en lien avec
la séparation de la vente et du conseil. Les résultats sont attendus pour
la fin du premier semestre.