Agroécologie

BSV, « l’attribution de crédits de la planification écologique est une opportunité », N. Lenne, DGAL

Le | Politique agroécologique

Le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), financé par le programme Écophyto, va bénéficier de crédits provenant de la planification écologique. Ces nouveaux financements visent à renforcer la qualité des données et des analyses, notamment à travers l’amélioration des observations, de la modélisation et de l’édition. Explications avec Nicolas Lenne, adjoint à la cheffe de bureau de la Direction générale de l’alimentation, DGAL.

BSV, « l’attribution de crédits de la planification écologique est une opportunité », N. Lenne, DGAL
BSV, « l’attribution de crédits de la planification écologique est une opportunité », N. Lenne, DGAL

Dans quel contexte avez-vous obtenu des crédits de la planification écologique fléchés vers l’amélioration des BSV ?

Nicolas Lenne : Depuis sa création, le dispositif du BSV est financé sur les crédits Écophyto. Un premier projet conduit en 2021 (BSV 2.0) a permis de réorienter le BSV sur les principales cultures à enjeux en matière de réduction des intrants, tout en élargissant les informations qu’ils véhiculent sur les auxiliaires, les alternatives, etc. afin de le tourner davantage autour des aspects agro-écologiques. La robustesse des observations et des analyses de risques n’a pas pu être améliorée dans ce cadre, alors que différents axes de progression sont identifiés. L’attribution de crédits de la planification écologique, dont le montant reste encore à définir avec le nouveau gouvernement, représente une opportunité pour poursuivre l’amélioration du BSV, en particulier sur ces aspects. Ils permettraient de répondre à trois grands enjeux : améliorer l’observation, la modélisation et l’édition du BSV. C’est dans cette perspective que des crédits ont été obtenus, dans le cadre de la planification écologique.

Quelles sont les réactions au BSV 2.0 ?

Nicolas Lenne : Nous n’avons à ce stade que des retours positifs. Les rédacteurs n’ont pas signalé de difficultés majeures à leur mise en place, et l’information donnée est plus diversifiée, ce qui constitue une opportunité de renforcer la contribution du dispositif à la transition agro-écologique.

Comment ont évolué les crédits Écophyto en 2024 ?

Nicolas Lenne : Après une baisse importante, passant de 9 M€ en 2018 à 6,5 M€ en 2022, les crédits issus d‘Écophyto pour le fonctionnement du BSV, ont été maintenus. 6,2 M€ sont alloués aux actions pilotées par les chambres régionales d’agriculture et 300 000 euros servent à refondre le système d’information du réseau d’observation, Vigicultures2.0. En complément, 1 M€est dédié au dispositif de suivi des effets non intentionnels des produits phytosanitaires (ENI), dont 60 000 euros attribués au Museum national d’histoire naturelle pour animer ce réseau. Le budget alloué dans le cadre de la nouvelle stratégie Écophyto 2030 pour les années à venir n’est pas encore arrêté.

Comment allez-vous utiliser le crédit de la planification écologique ?

Nicolas Lenne : Ces crédits seront utilisés pour financer différents projets permettant de poursuivre la rénovation du BSV. Il s’agira notamment de renforcer la robustesse des données collectées et des informations délivrées. Cela nécessite par exemple la révision de tous les protocoles d’observation, initiés il y a 15 ans, afin de prendre en compte les évolutions épidémiologiques. De plus, des études doivent être menées sur les seuils de risque afin que les évaluations de risques soient toujours pertinentes. Un important travail de fond sur la thématique de la modélisation est également nécessaire. Pour l’édition des BSV, des simulations prédictives utilisant des modèles épidémiologiques viennent parfois affiner l’analyse de risque en complément des données issues des observations visuelles. Une enveloppe de 2,7 M€ a été fléchée sur ce sujet pour financer un appel à projets que nous avons lancé le 19 août 2024 pour améliorer la modélisation et les seuils de risques des BSV. L’objectif est de réactualiser certains modèles épidémiologiques existants, par exemple en matière de paramètres climatiques, de développer de nouveaux modèles pour les couples bioagresseurs/cultures non encore couverts, et de rénover les seuils de risques existants ou d’en créer de nouveaux pour les couples prioritaires.

Bien définir les niveaux de seuils est important : c’est le niveau à partir duquel il est utile de faire une intervention phytosanitaire sur un bioagresseur. Or, un certain nombre de seuils de risque ont été définis il y a une dizaine d’années, voire plus. Nous avons établi une liste où nous avons identifié des seuils de risques à revoir ou à créer prioritairement.

Cet appel à projet est notamment ouvert aux structures de recherche et aux instituts techniques qui souhaiteraient s’investir sur ces sujets.

Pouvez-vous indiquer le nombre de couples bioagresseurs/cultures prioritaires ?

Nicolas Lenne : Le nombre de couples prioritaires et le nombre de couples totaux n’ont pas bougé depuis 2022. Soit 395 couples bioagresseurs/cultures, sur 28 cultures et cinq filières : arboriculture, grandes cultures, vigne, pépinière et cultures légumières.

Quels seront les autres projets ?

Nicolas Lenne : Nous réfléchissons en complément à créer une plateforme de modélisation épidémiologique mutualisée regroupant la plupart des outils de modélisation pour le BSV et commune aux parties prenantes au niveau national. Ce projet est à l’étude depuis de nombreuses années. Cela permettrait notamment de faciliter l’utilisation des modèles et de contribuer à l’amélioration des analyses de risques produites dans les Bulletins.

Il est en outre envisagé d’améliorer les protocoles d’observation. En effet, pour chaque couple bioagresseurs/cultures suivi dans le cadre du BSV, il y a un protocole national d’observation. Celui-ci définit le ou les moments d’observation dans l’année, les objets, la méthode d’observation, les critères d’évaluation etc. Certains protocoles ont déjà été revus, mais il s’agit ici d’en permettre la révision exhaustive, toujours dans le but de renforcer la robustesse des observations pour affiner les analyses de risques au bénéfice des lecteurs : décideur, conseiller agricole ou encore chercheurs, enseignants, étudiants.

Dans le même registre, il est envisagé d’enrichir les guides d’observation existants avec les critères « BSV2.0 », à savoir des clichés permettant d’éviter les confusions de diagnostics, d’amplifier les éléments liés aux auxiliaires des cultures, d’ajouter des bio-agresseurs qui seraient émergents ou au contraire de supprimer de ces guides des bio-agresseurs qui ne seraient pas associés à des enjeux importants en termes de réduction de l’utilisation des produits de protection des plantes.