La Cour des comptes préconise de renforcer le rôle du conseil pour mieux diffuser les innovations
La Cour des comptes a publié un rapport sur les politiques publiques d’innovation en agriculture, analysant les 6,7 milliards d’euros engagés par l’État entre 2018 et 2023. Elle met en évidence des freins persistants à l’adoption des innovations, notamment un manque de soutien financier et une approche cloisonnée des politiques publiques. Chambres d’agriculture France souligne l’importance d’un accompagnement global des exploitations.

6,7 milliards d’euros, tel est le montant des soutiens financiers engagés par l’État pour l’innovation en agriculture entre 2018 et 2023, selon la Cour des comptes. Cette dernière a publié un rapport , le 24 février 2025, évaluant les politiques publiques visant à massifier l’adoption des innovations agricoles. Cette évaluation s’est concentrée sur trois axes :
- l’appropriation des innovations par les exploitants,
- leur diffusion et valorisation,
- le développement de l’AgriTech.
Développer des mesures permettant d’accompagner l’évolution de l’exploitation dans sa globalité.
« Les conclusions rejoignent les positions portées par les Chambres d’agriculture depuis plusieurs années, notamment sur la nécessité de développer des mesures permettant d’accompagner l’évolution de l’exploitation dans sa globalité, de type système, et répondant à l’ensemble des enjeux : revenu, pénibilité, environnement… », indique Chambres d’agriculture France dans un communiqué du 14 mars 2025.
Le rapport pointe notamment :
- une approche cloisonnée des politiques publiques, fonctionnant trop souvent en silos et ne favorisant pas des approches systémiques au niveau des exploitations ;
- un manque de soutien financier à l’accompagnement des exploitations agricoles sous la forme d’un conseil global, pourtant essentiel pour accompagner les transitions agricoles.
Les méthodes de substitution aux produits phytosanitaires sont les plus adoptées
Les soutiens actuels sont mal ciblés et peu cohérents.
Selon un sondage réalisé par la Cour des comptes, 86 % des exploitants consultés disent intégrer des innovations sur leur ferme. Les méthodes de substitution aux produits phytosanitaires sont les plus adoptées, mais elles ne dépassent pas 50 % des répondants. « Les soutiens actuels sont mal ciblés et peu cohérents. Les agriculteurs peinent à accéder aux outils de la politique publique d’innovation, comme les crédits d’impôt ou le statut de Jeune entreprise innovante », rapporte la Cour des comptes. Le frein principal à l’innovation reste l’aspect financier, principalement au niveau des filières.
Le rôle majeur des acteurs du conseil
L’arrivée croissante d’exploitants non issus du milieu agricole accroît la diversité des demandes d’innovations sur les exploitations. Cela rend l’action des acteurs du conseil d’autant plus importante, notamment dans la diffusion de l’innovation. La quasi-totalité des répondants participent à au moins un collectif agricole, mais seulement 10 % adhèrent à un collectif labellisé agroécologique. 44 % font appel aux Chambres d’agriculture.
« La politique publique n’incite pas assez les agriculteurs à y avoir recours, en particulier s’agissant du conseil stratégique global, c’est-à-dire couvrant toutes les dimensions de l’exploitation agricole », précise la structure.
Le rapport souligne le rôle des Chambres d’agriculture dans la formation des agriculteurs et dans l’acquisition de références technico-économiques pour favoriser l’appropriation des innovations, notamment par le réseau Inosys.
Manque d’acteurs phares dans l’AgriTech
L’État a consacré 2,4 milliards d’euros à l’AgriTech. La Cour des comptes soulève toutefois le manque d’émergence d’acteurs phares. Elle identifie certains freins à la valorisation des innovations, notamment le cloisonnement persistant entre les anciens et nouveaux acteurs, un accès insuffisant à l’expérimentation ou encore un accès difficile aux marchés cibles.
Adapter le Crédit d’impôt recherche à l’agriculture
La Cour des comptes recommande une adaptation du Crédit d’impôt recherche (CIR) et du Crédit d’impôt innovation (CII) aux spécificités du secteur agricole.
« Chambres d’agriculture France formulera très prochainement des propositions concrètes afin que les efforts et la prise de risques des agriculteurs en matière d’innovation soient mieux reconnus et valorisés », indique le réseau.