Agroécologie

Engrais organiques : 91 % des agriculteurs prêts à recourir à leur utilisation (The Shift Project)

Le | Politique agroécologique

Le think tank The Shift Project a présenté les résultats de la consultation des agriculteurs menée dans le cadre de son rapport « Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère », et dévoilée le 12 décembre 2024. Près de 8 000 exploitants ont participé à une enquête qualitative et une enquête quantitative sur leur position face à la transition agroécologique.

Engrais organiques : 91 % des agriculteurs prêts à recourir à leur utilisation (The Shift Project)
Engrais organiques : 91 % des agriculteurs prêts à recourir à leur utilisation (The Shift Project)

86 % des agriculteurs inquiets des effets du changement climatique sur la viabilité de leur exploitation, 74 % préoccupés par les conséquences des produits phytosanitaires sur leur propre santé, 81 % invoquant au moins un frein financier pour justifier leurs difficultés à se convertir à des pratiques agronomiques durables : tels sont quelques-uns des résultats de la consultation des agriculteurs menée par The Shift Project dans le cadre de son rapport « Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère » et dévoilés le 12 décembre 2024.

Cette consultation a été menée en deux temps :

• une enquête qualitative réalisée de mars à mai 2024 (70 participants) ;

• une enquête quantitative diffusée via un questionnaire en ligne ouvert du 04/06 au 05/10/2024, relayé par près d’une centaine d’organisations agricoles (chambres d’agriculture, syndicats, filières, associations, entreprises, collectifs, etc.) et par les « Shifters », le réseau de bénévoles du think tank (7 711 participants).

« Un redressement des données a été fait selon trois critères : région, surface agricole utile, signes d’identification de la qualité et de l’origine, et les données du recensement agricole 2020 pour la France métropolitaine », précise The Shift Project.

La consultation révèle que la majorité des agriculteurs sont prêts à accélérer la transition environnementale de leur secteur : plus de 80 % des répondants souhaitent adopter des pratiques agronomiques plus durables, et seulement 7 % déclarent ne pas souhaiter s’engager ou accélérer la transition de leur exploitation, selon le think tank.

Le changement climatique, principal motif d’inquiétude des agriculteurs

Parmi les facteurs environnementaux causant une inquiétude des agriculteurs sur la viabilité de leur ferme, le changement climatique et ses effets (dérèglement climatique, fortes chaleurs, sécheresses, pluviométrie intense, gel, tempêtes) apparaissent dans 86 % des réponses. Ils sont suivis par :

    • les maladies animales (épizooties) : 74 %

    • le manque d’eau : 72 %

    • le coût des énergies fossiles (pétrole, gaz) : 72 %

    • les ravageurs des cultures : 68 %

    • la diminution de l’efficacité des produits phytosanitaires : 64 %

    • le déclin de la biodiversité (pollinisateurs, vie du sol) : 62 %

    Concernant l’utilisation des produits phytosanitaires, la préoccupation majeure des agriculteurs est liée à leur propre santé (74 % des réponses). Les sujets de préoccupation principaux sont :

      • l'environnement : 72 %

      • la santé humaine en général : 70 %

      • la rentabilité de l’exploitation : 64 %

      Sur l’énergie, la préoccupation principale des agriculteurs concerne la hausse du prix (77 % des réponses), suivie de la dépendance aux énergies fossiles (pétrole, gaz, engrais azotés) (71 %) et des émissions de GES (49 %).

      Le photovoltaïque sur toit privilégié parmi les énergies renouvelables

      Interrogés sur la possibilité de recourir à des énergies renouvelables « en supposant que les pratiques soient financièrement rentables » et qu’ils soient accompagnés financièrement, les agriculteurs privilégient les installations photovoltaïques sur les toits, approuvés par 81 % des répondants. Elles devancent :

        • le bois énergie : 54 %

        • l'agrivoltaïsme : 31 %

        • la méthanisation : 25 %

        Selon les mêmes conditions de rentabilité financière et d’accompagnement, mais appliquées à des pratiques agronomiques, les agriculteurs placent le recours aux engrais organiques en tête de leurs préférences (91 % des répondants, dont 63 % disent déjà l’appliquer). S’ensuivent :

          • la diminution des produits phytosanitaires (88 %/53 %)

          • la culture de variétés plus résistantes (87 %/32 %)

          • la diminution des engrais de synthèse (83 %/45 %)

          • la culture de légumineuses (82 %/50 %)

          • l'aménagement du terrain (81 %/39 %)

          Toujours selon les mêmes conditions, mais appliquées à une diversification des activités, les agriculteurs optent, cette fois-ci, pour l’adoption d’une nouvelle culture (72 % des répondants, dont 14 % disent déjà l’appliquer). Les autres actions mentionnées sont :

            • la vente directe (60 %/36 %)

            • la transformation (53 %/23 %)

            Parmi les priorités pour l’agriculture française d’ici à 2050, les agriculteurs placent en tête la meilleure autonomie agricole et alimentaire nationale (88 % des répondants), suivie de la contribution à l’indépendance énergétique nationale (50 %) et de la contribution à la sécurité alimentaire internationale (33 %).

            Le coût, principal frein au développement de pratiques durables

            Parmi les principaux freins qui les empêchent d’adopter de nouvelles pratiques agricoles durables, les agriculteurs évoquent, en premier lieu, des pratiques trop coûteuses et pas assez valorisées (présentes dans 53 % des réponses), un risque financier trop important (50 %), la lourdeur administrative (46 %), le manque de temps (37 %). Au total, 81 % des répondants ont évoqué au moins un frein financier dans leur réponse.

            Pour engager ou accélérer la transition environnementale de leur ferme, les agriculteurs attendent, pour 53 % d’entre eux, une rémunération pour services environnementaux. Parmi les autres conditions, se trouvent :

              • une politique sécurisant des débouchés et des prix rentables pour l’exploitation : 51 %

              • une meilleure répartition de la valeur : 39 %

              • des mécanismes financiers pour accompagner la prise de risques liés aux changements de pratiques : 36 %

              • une formation et un accompagnement technique : 33 %

              • une contractualisation pluriannuelle avec prix garantis : 30 %