Agrostratégie

Collecte de céréales 2024 : pertes financières estimées à 300 M€ pour les coopératives céréalières

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Antoine Hacard, président de la section Métiers du grain de La Coopération Agricole, a annoncé une récolte de blé tendre en baisse de 26,5 % en 2024, le 24 septembre 2024, atteignant 25,7 Mt, la plus faible depuis 40 ans. Les pertes financières des coopératives céréalières liées à cette baisse sont estimées à 300 M€.

Collecte de céréales 2024 : pertes financières estimées à 300 M€ pour les coopératives céréalières
Collecte de céréales 2024 : pertes financières estimées à 300 M€ pour les coopératives céréalières

« Nous avons produit 25,7 Mt de blé tendre cette année en France, contre un peu plus de 35 Mt en 2023 (soit une baisse de -26,5 %). Cette récolte, que l’on peut qualifier de catastrophique, est liée aux mauvais rendements avec, dans certaines régions, des rendements proches de ceux connus juste après la Seconde Guerre mondiale, et à des surfaces en baisse. Dès l’automne 2023, nous avons eu des conditions extrêmement pluvieuses - deux à cinq fois supérieures à la normale pendant toute la campagne - qui ne nous ont pas permis de semer nos céréales », déclare Antoine Hacard, président de la section Métiers du grain de la Coopération Agricole, lors de la présentation des résultats de la récolte d’été, à Paris le 24 septembre 2024.

« Les orges de printemps et d’hiver suivent la même tendance (10,05 Mt récoltées en 2024, -18,2 % vs 2023). Seuls le blé dur (1,2 Mt, -8,8 %) et le colza (3,9 Mt, -8 %) limitent la casse. Nous avons quelques espoirs sur la récolte de maïs (14,4 Mt, +11 %), avec prudence puisque les récoltes n’ont pas débuté et restent donc à valider ».

La récolte de blé tendre est la plus faible enregistrée par LCA depuis 40 ans. « Toutes céréales confondues, nous aurons à affronter une baisse des volumes de 6 Mt », indique Antoine Hacard.

Les pertes financières pour les coopératives céréalières de la baisse de collecte de céréales en 2023-2024 se chiffrent à 300 M€, selon LCA.

Une récolte « satisfaisante sur le plan sanitaire »

« Concernant l’activité export (hors UE), le constat est encore plus cruel puisque nos volumes exportés devraient être divisés par deux (6 Mt en 2024, contre une moyenne quinquennale de 12 Mt). Pour la balance commerciale française et les exportateurs, cela représente une perte de chiffre d’affaires de 1,4 Md€ », selon le président de la section Métiers du grain.

« Nous avons une qualité de récolte satisfaisante sur le plan sanitaire. En revanche nous avons quelques critères technologiques un peu plus compliqués. Concernant le blé tendre, nous avons une bonne qualité de transformation meunière, de bons temps de chute de Hagberg et une baisse du taux de protéines, qui reste toutefois au-dessus de 11 (répondant au cahier des charges de nos acheteurs). Mêmes constatations sur le blé dur avec des taux de moucheture plus importants. Concernant les orges d’hiver et de printemps, nous avons dans l’ensemble une qualité satisfaisante avec, malgré tout, des taux de calibrage faibles », décrit Antoine Hacard.

Des difficultés plus structurelles

« Cette moisson 2024 s’inscrit dans un contexte économique extrêmement défavorable pour nos activités. Nous avons eu à affronter un mur d’inflation depuis deux ans. Le coût du transport routier a été multiplié par deux depuis 2020 et ce n’est pas la baisse anecdotique du GNR qui va rétablir les choses. Le coût de l’énergie a augmenté de 30 % depuis 2020 et, dans le détail, c’est encore plus douloureux pour nos coopératives puisque l’électricité a régulièrement été multipliée par 2 ou 3. Nous l’achetons sur le marché libre et nous sommes obligés de fixer nos prix à l’avance. Nous avons donc des prix encore globalement élevés, qui ne redescendront qu’à partir du 01/01/2025 », souligne le dirigeant de LCA.

L’augmentation des charges fixes a ainsi entamé les marges des coopératives de 50 % depuis 2021. « Or ces marges servent à financer des amortissements, des investissements. Et les investissements, c’est l’avenir », rappelle Antoine Hacard.