Valfrance présente son projet Vision 2035 autour de la compétitivité, du climat et de l’innovation
Par Stéphanie Ayrault | Le | Débouchés & filières
Lors de son assemblée générale, le 9 janvier 2025, la coopérative Valfrance a officiellement lancé sa stratégie « Vision 2035 ». Elle s’appuie sur trois piliers : performance économique, transition bas carbone et innovation continue. Côté résultat, la coopérative affiche un chiffre d’affaires de 333 M€, en recul par rapport à 2022/2023, mais maintient ses projets de digitalisation et de transition agroécologique.
« Dans un contexte de mutations profondes du secteur agricole, Valfrance se projette avec ambition vers 2035. Nous souhaitons conjuguer innovation, durabilité et excellence, en accompagnant nos agriculteurs dans leur transition vers une agriculture bas carbone », indique Laurent Vittoz, directeur de Valfrance, dont l’assemblée générale s’est tenue le 9 janvier 2024 à Meaux.
À cette occasion, la coopérative a présenté son projet « Vision 2035 ». Il repose sur dix chantiers stratégiques, encore en cours de définition, articulés autour de trois axes majeurs :
- Performance économique et compétitivité afin de pérenniser les outils de production et renforcer la compétitivité des exploitations agricoles.
- Agriculture durable, avec une transition vers des pratiques bas carbone et l’introduction de cultures adaptées aux défis climatiques.
- Innovation continue, grâce à des solutions de pointe en génétique et en numérique pour répondre aux enjeux de demain et accompagner les sociétaires dans leur évolution.
Volatilité et incertitudes sur les disponibilités
La coopérative affiche un chiffre d’affaires qui s’élève à 333 M€ pour l’exercice 2023-2024, contre 402 M€ en 2022-2023, avec 210 M€ issus de la collecte et 91 M€ de l’agrofourniture. Le résultat net après impôts s’établit à 1,3 M€ contre 6,1 M€ un an plus tôt.
« Volatilité, incertitudes sur les disponibilités et l’évolution des prix, tensions sur les marchés dues à un contexte géopolitique instable : ces éléments rythment désormais notre activité et compliquent le métier des agriculteurs. L’année 2024 a été particulièrement difficile en raison de conditions météorologiques que l’on pourrait qualifier de catastrophiques, atténuant les bons résultats de la moisson 2023. L’exercice précédent bénéficiait d’un résultat exceptionnel qui avait dopé le résultat net de la coopérative ; cette année marque un retour à un niveau plus classique », explique Laurent Vittoz.
La coopérative a rémunéré ses sociétaires à hauteur de 4,8 M€.
Une progression de l’activité semences
Le chiffre d’affaires phytosanitaire s’élève à 36,4 M€. Une demande importante et soudaine de fongicides, liée aux conditions climatiques, a nécessité des ajustements et une adaptation aux disponibilités des fournisseurs, selon la coopérative.
La demande en semences a été soutenue jusqu’en juin, avec une campagne qualifiée d’historique de 60 000 doses de maïs commercialisées. En revanche, la sole de tournesol a chuté de 40 %, tandis que celle du soja a progressé de 50 %. Le chiffre d’affaires a ainsi augmenté de 12 %, atteignant 17,6 M€.
En engrais, la volatilité du marché s’est confirmée sur la campagne 2023/2024. Le chiffre d’affaires atteint 36,4 M€. « Nous avons perdu de nombreux repères ces dernières années, mais notre appartenance à la centrale d’achat Inoxa nous permet de bénéficier de volumes et de conditions d’achat intéressantes, en nous adaptant constamment au marché. En témoigne l’augmentation de 11 % des volumes d’engrais sur cette campagne », précise la coopérative.
La collecte s’élève à 819 000 tonnes de céréales en conventionnel en 2023-2024 contre 741 000 tonnes en 2021/2022, ainsi que 15 679 tonnes en agriculture biologique, contre 12 806 tonnes en 2021/2022. 30 % de la collecte en blé, 44 % de la collecte en maïs, 40 % de la collecte en orge de brasserie est sous contrat Agriconfiance.
Transition numérique et bas carbone
Valfrance a par ailleurs lancé en 2024 Val’oo, son premier outil numérique personnalisé. Conçu pour offrir aux agriculteurs une plus grande autonomie dans la gestion de leur commercialisation, il garantit une transparence renforcée sur les prix, leur permettant ainsi de prendre des décisions adaptées à leurs besoins, selon la coopérative. Ce projet marque le début d’une transition vers une digitalisation progressive, avec une version 2 attendue pour le 15 mai 2025.
Dans le groupe de travail Extranet, nous collaborons avec plusieurs adhérents pour concevoir un outil à leur image.
. Nous souhaitons également mettre en ligne les tableaux de bord comptables pour les assemblées générales de section de fin d’année », précise Paul Loiselle, ingénieur agro et expert en données numériques agricoles.
Valfrance a également mis en place l’outil Cropwise, un service de pilotage des fongicides sur blé et orge d’hiver. « Nous souhaitons proposer un outil simple, accessible et évolutif pour répondre aux attentes de nos sociétaires. Une synthèse hebdomadaire permet d’optimiser l’organisation, avec une application mobile offrant une vision à J, J+3 et J+7 pour anticiper l’évolution des conditions météorologiques », précise la coopérative.
La coopérative s’est par ailleurs engagée dans le label bas carbone avec :
- 60 diagnostics carbone réalisés,
- 5 000 hectares en transition,
- 680 tonnes de CO2 stockées dans les sols en 2023,
- 34 dossiers déposés pour le label bas carbone.
Un premier engrais décarboné a été testé ce printemps, pouvant devenir une norme pour réduire l’impact de la fertilisation azotée tout en valorisant certains débouchés. Par ailleurs, Valfrance a ouvert un club dédié à l’agriculture régénératrice.
Développements et investissements
Parmi les événements marquants de la campagne 2023/2024, Valfrance cite le transfert de l’usine de semences de Verneuil-l’Étang vers le site de Senlis, où 39 180 tonnes ont été produites, avec un soutien aux sociétaires via des livraisons supplémentaires et des reprises de semences non implantées.
Plus de 7 millions d’euros ont été investis dans la modernisation des infrastructures et le renforcement du maillage territorial. Parmi ces investissements :
- 1,85 M€ pour la deuxième phase des travaux du site de Nangis.
- 960 000 € pour la reconversion du site de Chaumes-en-Brie en plateforme de stockage d’engrais et de produits phytosanitaires.