Déploiement de l’agriculture de précision, le CGAAER identifie les obstacles
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Pour le CGAAER, l’agriculture de précision, bien que prometteuse, reste peu développée. Les obstacles incluent la fiabilité des outils, la formation requise, la complexité agronomique et les coûts. L’organisme publie des 7 grandes préconisations.
Malgré ses avantages, l’agriculture de précision est encore peu développée, en partie à cause de l’absence de chiffres précis sur son évolution, estime le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) dans une étude, publiée le 27 juin 2024, sur la réduction d‘emploi des produits phytopharmaceutiques par le développement de l’agriculture de précision.
Des obstacles identifiés
Les auteurs expliquent cette lente adoption par plusieurs obstacles :
- La fiabilité et la maturité des outils ;
- La formation et l’accompagnement ;
- La complexité des pratiques agronomiques ;
- Le coût en investissement et en temps.
Démonstrations dans les territoires
Pour convaincre les agriculteurs de l’intérêt de ces outils, le CGAAER préconise de mettre en place des démonstrations adaptées à chaque territoire, permettant aux exploitants de mieux se projeter. Soutenir la recherche de manière ciblée, aider aux investissements et mettre en place des formations, ainsi qu’un accompagnement de proximité, parfois sur plusieurs années, sont des actions qui peuvent favoriser l’adoption de l’agriculture de précision, selon les auteurs. Un déploiement plus rapide pourrait également être atteint grâce au recours à des prestations de services, limitant ainsi les investissements nécessaires pour chaque exploitant et garantissant une meilleure maîtrise des outils.
Les 7 recommandations du CGAAER
1. Montrer l’usage de l’agriculture de précision et démontrer leur pertinence technico-économique dans les territoires par la mise en place de sites expérimentaux et de réseaux locaux de fermes de référence
- Pour cela, il convient d’organiser, notamment dans le cadre du plan Ecophyto 2030, des sites de référence et de démonstration pluriannuels qui intègrent l’usage des nouvelles technologies de précision dans le cadre d’une approche combinant tous les outils de l’agroécologie. Ces sites et réseaux auront pour objectif de montrer et de démontrer aux exploitants agricoles l’utilité de l’agriculture de précision et leur permettre ainsi d’échanger ;
- L’intégration dans ce dispositif de groupes de progrès Ecophyto, réunissant un animateur pour 10 à 15 exploitations agricoles « groupes 30 000 », est nécessaire.
2. Dans le cadre du programme France 2030 et Ecophyto 2030, il convient de :
- Soutenir la recherche et le développement conduisant à l’industrialisation des outils robotiques autonomes avec un axe particulier sur les filières orphelines : semences, horticulture, cultures légumières, PPAMC ;
- Initier la conduite de programmes de recherche / développement comparatifs pour les différentes technologies matures que sont la pulvérisation ultra-précise, le désherbage mécanique de précision mais aussi les Outils d’aide à la décision (OAD). L’offre d’OAD (modélisation en santé des plantes) existe mais elle est morcelée, incomplète et pas toujours mise à jour pour faire face aux enjeux agroécologiques et climatiques ;
- Financer, à hauteur de 40 %, le déploiement de ces outils (ceux considérés comme matures) auprès des agriculteurs, CUMA ou ETA et les financer avec une obligation de formation et un accompagnement technique des exploitations agricoles. Un cahier des charges précis mais sans distinction de marques et une ouverture des guichets prévisible et régulière (annuelle) doivent permettre à la fois aux industriels et aux exploitants de construire un plan d’investissement s’intégrant dans une démarche agroécologique.
3. Créer un portail des ventes et des références technico-économiques pour le matériel de précision
- Créer un portail des ventes des outils de précision : robotique, guidage de précision (lutte mécanique et chimique), Outils d’Aide à la Décision (OAD) avec une maille nationale et une déclinaison régionale. Au moins pour le matériel subventionné, il est nécessaire de mettre en place une traçabilité permettant de connaître le nombre de machines vendues par type de technologies de précision (FranceAgriMer et constructeurs/distributeurs). Cette mission pourrait être confiée à la chaire AgroTIC ;
- Mettre en place une base de données référençant les analyses technico-économiques comparatives d’utilisation notamment sur les sites de référence Ecophyto.
4. Accélérer la mise à disposition réussie de ces outils de précision
- En optimisant la complémentarité entre les différentes sources de financement notamment entre l’Etat et les régions ;
- En instaurant un chèque conseil associé à l’investissement réalisé en agriculture de précision à vocation agroécologique permettant ainsi de conforter l’accompagnement par la formation continue et l’appui technique.
5. Faire évoluer la réglementation
- En définissant les conditions de circulation des véhicules autonomes dans le code de la route pour permettre à minima l’utilisation des chemins vicinaux ;
- En facilitant les transitions vers une réduction des doses hectares permise par la pulvérisation de précision en adaptant les AMM des substances ou des spécialités commerciales à ces nouvelles technologies.
6. Proposer une prise en charge partielle du risque induit par la plus grande complexité apparente de l’agriculture de précision
- Créer des systèmes assuranciels complémentaires ;
- Déployer une agriculture de la fonctionnalité ;
- Intégrer cette prise de risque dans le cadre d’aides publiques ou privées de type MAEC, PSE.
7. Décliner dans les territoires ces nouvelles techniques issues de l’agriculture de précision dans le cadre d’un pilotage régional et départemental
- en y associant les collectivités régionales et locales mais aussi les organismes économiques de l’amont à l’aval concourant à la mise en place des transitions alimentaires et agroécologiques ;
- avec l’appui de cellules RIT (Recherches-Innovation-Transfert) qui seraient spécialement orientées vers le déploiement des techniques de l’agriculture de précision dans le cadre d’une transition agroécologique ;
- Le pilotage régional doit pouvoir orienter techniquement les réseaux d’expérimentation et de démonstration déployés localement et ainsi développer une politique de démultiplication des bonnes pratiques.