Agriculture connectée : garder la bonne distance
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Capteurs et drones, outils d'aide à la décision et traceurs, système d'autoguidage ou robots de traite… Les objets connectés en agriculture, ou IoT (Internet of Things) sont désormais accessibles sur la totalité du territoire. Une technologie en développement exponentiel qui génère des solutions toujours plus nombreuses. Indéniablement, tout va très vite. La question est autant de rester dans la course technologique que de veiller à l'accessibilité des outils par les agriculteurs et leurs conseillers. Ces deux préoccupations étaient au centre des échanges le 28 avril, sur le site de la Digiferme d'Arvalis, à Boigneville (91). Une centaine de personnes ont participé à cette rencontre, organisée, moins d'un an après le lancement officiel des Digifermes, par les instituts techniques partenaires avec l'appui de l'AFIA et de l'Acta (1).
Objectif « zéro saisie »
Les enjeux du digital en agriculture ont été introduits par Delphine Bouttet, responsable de la Digiferme de Boigneville. En premier lieu, l'agriculteur doit pouvoir valoriser de manière simple et transparente les données issues de son exploitation. Ce qui suppose une interopérabilité entre les outils proposés. Que ce soit entre les stations météo, vers les outils d'aide à la décision ou encore pour le suivi des phytosanitaires, de leur entrée sur l'exploitation à leur utilisation grâce aux traceurs… « L'objectif est à terme le « zéro saisie », a résumé Delphine Bouttet. La question de l'enregistrement est travaillé au sein de l'Acta et de la plate-forme API-Agro.» Autres points importants, l'analyse des données et leur visualisation simple afin qu'elles puissent être mises en pratique pour une agriculture de précision. La traduction passe en grande partie par les agroéquipements, du plus courant, l'autoguidage sur les tracteurs, avec 50 % des agriculteurs équipés au plus futuriste, tel le robot de désherbage Ecorobotix.
Projet européen et solutions terrain
L'Irstea (1) est l'un des 70 partenaires d'un programme européen lancé en février, doté de 30 millions d'euros sur 4 ans, et visant à démontrer la faisabilité économique et l'acceptabilité par les utilisateurs des objets connectés en agriculture. La France assure le suivi pour le blé avec parmi ses objectifs un monitoring en temps réel de la culture via des capteurs et le lien avec les autres acteurs pour transformer ces connaissances en expertise dans les OAD. Davantage d'actualité, les solutions de Smag et d'Isagri portaient sur Iota, présenté par Eric Robin, responsable marketing de Smag et Météus, par Alexandre Diaz, responsable innovation d'Isagri. Tous deux ont souligné l'importance du rythme de renouvellement de l'offre et la nécessité de développer des solutions dans une logique ouverte de partenariat.
Faire de la place aux IoT en distribution
Ces multiples outils viennent interpeller les distributeurs dans leur relation avec les agriculteurs. Message rassurant qui parcourait l'ensemble des interventions : la valeur n'est pas dans le capteur mais dans le service. Lequel reste en grande partie à définir. « Les distributeurs ne travaillent que très peu la problématique météo, note ainsi Alexandre Diaz, alors que c'est essentiel pour l'agriculteur. » Et, couplé aux autres outils, c'est aussi une ouverture pour mieux estimer la collecte, autant en quantité qu'en qualité.
Parmi les solutions présentées :
- Traceurs - Axe Environnement/Nexxtep vient de développer, au sein de sa gamme Keyfield, un enregistrement automatique des bidons de produits phytosanitaires, qui va jusqu'à l'alerte en cas d'usage non réglementaire.
- Robot - Ecorobotix, testé sur la Digiferme de Boigneville, il fonctionne avec un GPS, couplé à une caméra qui reconnait les mauvaises herbes sur lesquelles deux buses vont diriger une micro dose d'herbicide parfaitement ciblée. Le repérage permet de traiter entre les rangs ou sur les rangs avec, à la clé, 20 fois moins d'herbicide utilisé. Ecorobotix fonctionne de manière autonome grâce à ces panneaux solaires qui lui assurent 12 heures de fonctionnement, 7 jours sur 7. Il est actuellement testé sur betteraves, prairies (pour se débarrasser des rumex). Devraient suivre des essais sur colza puis sur les cultures bio avec un système mécanique (à la place du spray d'herbicides) pour arracher les mauvaises herbes. Commercialisation estimée d'ici à 3 ans en France.
(1) Le projet Digifermes a été lancé par Arvalis en partenariat avec les instituts techniques Idele (élevage), ITB (betteraves) et Terres Inovia (oléoprotéagineux). Deux sites : Boigneville et Saint-Hilaire-en-Woëvre en Lorraine.
- Afia, Association francophone d'information en agriculture
- Irstea, Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture