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Agriculture régénératrice, un engagement très flou pour les très grandes firmes alimentaires

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Le réseau d’investisseurs Fairr a épluché les engagements des plus grandes entreprises agroalimentaires mondiales, à la recherche de démarches d’agriculture régénératrice. Si le concept est fréquemment mis en avant, Fairr note surtout le manque de concret autour des promesses exprimées en la matière.

Un programme de recherche (PEPR) lancé le 1er mars 2024 ambitionne de coordonner les recherches en m - © D.R.
Un programme de recherche (PEPR) lancé le 1er mars 2024 ambitionne de coordonner les recherches en m - © D.R.

Qu’y a-t-il derrière les promesses de l’agriculture régénératrice, pour les très grandes entreprises de l’agroalimentaire, au niveau mondial ? Le réseau d’investisseurs Fairr s’est posé la question, et s’est efforcé d’y répondre en se plongeant dans les engagements des 79 plus grandes firmes du secteur. Les résultats ont été publiés le 20 septembre, sous la forme d’un rapport (accessible ici, en anglais). Il établit que 50 de ces 79 entreprises mentionnent des initiatives d’agriculture régénératrice dans leur communication de marque.

La rémunération des agriculteurs, grande oubliée

Pour quelles visées ? Les entreprises évoquent la santé des sols (74 %), l’enjeu carbone (72 %), l’eau (68 %) ou la biodiversité (66 %). « Moins d’un quart des entreprises abordent l’agriculture régénératrice de manière globale », notent les experts de Fairr, soulignant par exemple que la réduction des usages d’intrants chimiques (50 %) ou le revenu des agriculteurs (42 %) sont moins cités. La faible place de ce dernier enjeu est également illustrée par le nombre très restreint d’entreprise (4 sur 50) ayant mis en place un dispositif de rémunération des producteurs adoptant des pratiques d’agriculture régénératrice.

Fairr émet quatre recommandations

Les constats les plus saignants du rapport concernent la rigueur des méthodes déployées. Ainsi, seuls 18 entreprises sur 50 se donnent des objectifs quantitatifs en matière d’agriculture régénératrice. Plus rares encore (8 sur 50) sont celles qui réalisent un suivi technique intégrant des données mesurables. Pour finir, seules Danone, General Mills, Nestlé et PepsiCo ont initié concrètement une démarche de progrès quantifiable.

Les auteurs du rapport de Fairr appellent donc les entreprises à revoir leur copie, afin de déployer des démarches plus structurées, autour de quatre recommandations :

  • aborder les bénéfices de l’agriculture régénératrices dans leur globalité ;
  • utiliser des indicateurs mesurables pour monitorer les projets ;
  • se fixer des objectifs chiffrés ;
  • intégrer la dimension économique de l’agriculture régénératrice pour les agriculteurs.