Lancement du mouvement « Pour une agriculture du vivant »
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« Ce que nous voulons, c’est montrer comment faire pour changer d’échelle afin d’amorcer un changement de paradigme pour se réconcilier avec le vivant. » C’est ce qu’a expliqué le chef cuisinier Arnaud Daguin, le 11 octobre 2018, en introduction du lancement du mouvement « Pour une agriculture du vivant », dont il est le porte-parole. L’initiative, présentée à la Fondation Good Planet à Paris, découle de la volonté de rassemblement d'agriculteurs pionniers et d'agronomes convaincus que l'agro-écologie est la réponse à « une urgence climatique, agricole et alimentaire. »
Une plateforme « pour faire converger les initiatives »
Pour permettre au mouvement de prendre de l’ampleur, celui-ci s’appuie sur une plateforme « d’action et de coopération ». Ses trois missions principales sont l’accompagnement des agriculteurs en transition vers l’agro-écologie, la création de filières grâce à la mise en relation de producteurs et d’acteurs de l’aval, et la sensibilisation de la société sur les enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation via des actions de communication.
« Notre ambition est de faire se parler des personnes qui ne se parlent plus. Les agriculteurs n’y arriveront pas tous seuls, ils ont besoin de l’aide des consommateurs, mais aussi des donneurs d’ordre pour valoriser ce modèle alimentaire. La plateforme doit ainsi permettre de faire converger des initiatives existantes », plaide Jean-Philippe Quérard, président de l’association Pour une agriculture du vivant.
Le mouvement réunit de nombreux acteurs de la chaîne agro-alimentaire au sein de sa gouvernance, avec notamment plusieurs entreprises de l’aval, à savoir Flunch, Pasquier, U, Andros, Accor Hotels, Soufflet et Les vignerons de Buzet. « Notre objectif est d’ouvrir des débouchés aux produits issus de l’agriculture du vivant », résume Vincent Lacassin, directeur des achats & supply chain chez Flunch.
La biodiversité, « premier outil de l’agriculture du XXIe siècle »
Au cœur du message du mouvement « Pour une agriculture du vivant » : la nécessité de développer massivement des pratiques de conservation des sols, reposant notamment sur la couverture permanente et le non-travail de ces derniers. « La biodiversité est le premier outil de l’agriculture du XXIe siècle, insiste ainsi Konrad Schreiber, chef de projet à l’Institut de l’agriculture durable. La plante est la solution climatique efficace et rentable. La biodiversité est un outil gratuit, mais pour la développer, les sols doivent être en bon état, donc couverts et non travaillés. »
Quant aux pesticides, dont l’usage d’appoint reste un sujet controversé, ils sont voués à devenir des « outils-pompiers », « inutiles quand tout va bien », martèle l’ingénieur agronome. Ces produits doivent permettre d’accompagner la transition vers le modèle agro-écologique, estimée à une trentaine d’années par Konrad Schreiber, le temps de « reconstruire les sols ». Enfin, les représentants du mouvement ont rappelé le rôle que la préservation des sols pouvait jouer dans une meilleure captation du carbone par ceux-ci, alors que la question du stockage de carbone devient de plus en plus pressante.