Corteva investit 16 millions d’euros pour développer des produits d’origine naturelle en France
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- Jean-Philippe Legendre, directeur France de Corteva.
Corteva, la division agriculture issue de la fusion de Dow et DuPont a annoncé, le 26 octobre, un investissement de 16 millions d’euros sur son site de Cernay (68). Cette enveloppe doit servir à la construction d’une unité de production de phytosanitaires d’origine naturelle de 4 000 m², ainsi qu’à la transformation de trois lignes de production déjà existantes. L’entrée en service de ces aménagements est prévue pour septembre 2019.
Fongicides à base d’Inatreq active
Trois gammes de produits naturels, obtenus à base de fermentation bactérienne, seront produits dans la nouvelle unité. En insecticides, le site conditionnera des spécialités, déjà présentes sur le marché, à base de Spinosad - également utilisable en agriculture biologique - et, en herbicides, à base de Spinetoram pour la vigne et l’arboriculture. Le groupe produira des fongicides composé d’Inatreq active, qui agît contre la septoriose. Approuvée par l’Union européenne cet été, la matière active vient d’amorcer son cycle d’évaluation français. Le groupe espère obtenir une autorisation de mise sur le marché à l’horizon 2020/2021. « Ce produit représente un grand intérêt pour nous : celui de prendre pied dans le grand marché français des fongicides, alors que plus des deux-tiers des ventes de Corteva se font dans le secteur des herbicides », explique Jean-Philippe Legendre, directeur France de Corteva.
Selon le directeur du site, Patrice Swinnen, l’usine de Cernay ambitionne de produire 10 millions de litres de fongicides à base d’Inatreq et 7 millions d’herbicides à échéance 2022.
Objectif : 15 % du chiffre d’affaires liés au biocontrôle dans trois ans
L’investissement réalisé à Cernay est une des premières pierres posées par Corteva pour accroître sa présence dans le secteur du biocontrôle. « La France est motrice dans ce domaine, même si les chiffres sont encore faibles. Dow et DuPont n’avaient pas un axe stratégique fort sur ces produits », explique Maxime Champion, directeur marketing chez Corteva. Si le biocontrôle représente actuellement 5 % du chiffre d’affaires français du groupe (contre 3 % au niveau mondial), Corteva veut atteindre les 15 % en trois ans. En parallèle du développement de solutions d’origine naturelle, Corteva table également sur la mise en œuvre de partenariats pour commercialiser des solutions créées hors du groupe. Une stratégie développée dans une volonté de soutenir une « transition agricole » : « Il y a encore une appréhension chez les agriculteurs quant à l’efficacité du biocontrôle. Nous sommes plutôt dans une démarche de combinaison de biocontrôle et de produits de synthèse, pour permettre notamment une réduction des IFT », détaille Maxime Champion.
Quatre nouvelles matières actives attendues
A l’occasion de ce premier coup de pelle à Cernay, les représentants de Corteva sont aussi revenus sur le lancement dans les prochaines années de quatre matières actives : l’Inatreq active ; le Zorvec, un fongicide anti-mildiou homologué cet été dont la première utilisation aura lieu en 2019 (https://reference-appro.com/zorvec-active-linnovation-anti-mildiou-de-corteva-agriscience/) ; l’Arylex, un herbicide déjà disponible pour les céréales, en cours d’homologation pour le colza (attendue pour 2019) ; et le Nitrapyrine, un inhibiteur de nitrification pour optimiser les apports en azote, attendu pour 2021.
Inquiétude sur la réglementation
Si cet investissement est une très bonne nouvelle pour le site de Cernay, Eric Dereudre, directeur de la division Europe du Nord chez Corteva, a cependant tenu à souligner « l’inquiétude [du groupe] face à la position de la France sur l’agriculture », notamment à travers la loi issue des Etats généraux de l’alimentation. Quant à la suspension des produits à base de sulfoxaflor en novembre 2017, Jean-Philippe Legendre a affirmé que le groupe restait « mobilisé pour démontrer les vertus [de la molécule] », et rappelle la position de groupe dénonçant « l’amalgame » fait, par certaines associations, entre le sulfoxaflor et les néonicotinoïdes.
Chiffre clés :
Chiffre d’affaires monde : 14 milliards de dollars (55 % semences, 45 % produits phytosanitaires)
Chiffre d’affaires France : 240 millions d’euros (un tiers semences, deux-tiers phytosanitaires)