Agronutrition mise sur les activateurs de sol

Dans une boîte de pétri posée sur la paillasse, des taches cuivrées de différentes tailles tranchent sur un fond bleu turquoise. « Ici, on observe que certaines bactéries sont plus efficaces que d’autres pour rendre le fer assimilable par la plante », explique Leila Mzali, chargée de recherche pour Agronutrition. Le laboratoire de Labège, l’un des quatre laboratoires de cette entreprise du groupe De Sangosse, est spécialisé dans les symbioses et mutualismes entre les plantes et les micro-organismes du sol.

Une analyse sur-mesure des bactéries du sol

Car si de nombreux biostimulants offrent à la plante des éléments nutritifs autres que les engrais classiques, d’autres formules n’agissent pas directement sur le végétal mais l’aident à entrer en symbiose avec les microorganismes présents dans son écosystème. Les activateurs ou stimulateurs de sol encouragent les échanges entre la plante et des auxiliaires qui lui sont bénéfiques. Longtemps, le sol a été considéré comme un simple substrat. La recherche a pourtant démontré qu’il s’agit au contraire d’un élément central dans le bon développement des végétaux, et qu’un sol sain et vivant était un levier de qualité et de quantité des rendements.

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Lorsqu’un agriculteur envoie un échantillon de terre
de sa parcelle, les chercheurs identifient, isolent et
multiplient les bactéries bénéfiques au sol. © Aude Lemarchand/Agronutrition[/caption]

Le laboratoire de recherche en microbiologie des sols et des plantes d’Agronutrition, dirigé par Hicham Ferhout, permet à n’importe quel agriculteur se situant sur le territoire français d’envoyer un échantillon de terre de sa parcelle. Les chercheurs analysent la flore bactérienne et fongique, les micro-organismes, et en fonction des problèmes de fertilisation de l’agriculteur, ils identifient et isolent les bactéries les plus à même de favoriser la fixation de l’azote ou l’assimilation du phosphore ou du fer. La société produit alors une solution sur-mesure en multipliant les bactéries indigènes de la parcelle, et conserve la population microbienne d’intérêt durant trois ans, pour pouvoir répéter l’opération à la demande de l’agriculteur.

Les champignons endomycorhiziens, des alliés des végétaux

Autre branche du groupe : les réseaux mycorhiziens. Les champignons endomycorhiziens s’associent avec les autres végétaux (entre 70 et 80 % des végétaux terrestres) et constituent un réseau souterrain autour des racines des plantes associées. Ce réseau permet un meilleur enracinement, explore le sol à la recherche de nutriments et d’eau, économisant à la plante de l’énergie, limite son stress abiotique et améliore la structure et l’aération du sol en formant de micro-agrégats.

« Les symbioses mycorhiziennes améliorent également la résilience des végétaux, indique Sébastien Roy, responsable du laboratoire dédié à ces champignons. Lorsque deux mêmes plantes sont reliées par un réseau mycorhizien et qu’une de ces plantes subit un stress, un signal est envoyé aux autres plantes du réseau qui peuvent commencer à activer leur métabolisme et leurs capacités à se défendre afin de mieux résister au stress. »

Le développement de ces solutions, faisant la part belle aux interactions plante-sol-microbiote, a permis à la société toulousaine d’obtenir 19 autorisations de mise sur le marché (dont 4 à base de micro-organismes), et de se positionner comme le leader des fabricants d’activateurs de sol. Une quinzaine d’autres innovations sont en attente d’homologation.

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Des champignons mycorhiziens se développent le long des racines de carottes. © Aude Lemarchand/Agronutrition[/caption]

Agronutrition au cœur de nombreux partenariats public-privé

Outre les programmes menés en propre par son laboratoire (étude des microbiotes du sol et de la plante, screening, formulation du vivant…), Agronutrition développe, depuis plus de quinze ans, des partenariats et des projets collaboratifs avec des organismes de recherche institutionnels, laboratoires et pôles de compétitivité. De nombreux projets sont en cours, financés notamment par le Fonds unique interministériel, l’Agence nationale de la recherche, BPI France, FranceAgriMer, la région Occitanie…

L’objectif est d’approfondir la connaissance des micro-organismes du sol et de la plante et les interactions à l’œuvre. Des projets en ce sens sont menés avec l’Inrae, l’Institut de recherche pour le développement, le Cirad, SupAgro, le CNRS et l’Ensat. Autre piste de recherche : les métabolites secondaires d’intérêt produites par les micro-organismes et les végétaux. Des collaborations sont engagées avec la faculté de pharmacie de Toulouse, l’institut des sciences analytiques de Lyon et l’École nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques de Toulouse.

Des méthodes analytiques innovantes sont aussi développées avec l’école de physique et de chimie de Paris et l’école d’agronomie de Purpan afin de quantifier et suivre l’évolution dans l’environnement des produits microbiens. Enfin, des travaux sont menés sur l’adaptation des systèmes culturaux (conventionnels, semis sous couvert, etc.) et leurs corrélations avec la vie du sol, le cycle du carbone et de la matière organique et plus globalement des cycles biogéochimiques.

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