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Approvisionnement, cadmium, risque d’impasse… Timac Agro fait le point sur le phosphore

Le | Agrofournisseurs

À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 7 avril, Timac Agro a fait le point sur la situation mondiale du phosphore. Le prix de cet élément, dont la Russie est l’un des premiers fournisseurs, reste très élevé. Les disponibilités sont imprévisibles et la réglementation européenne encadrera prochainement le maximum de cadmium autorisé.

Approvisionnement, cadmium, risque d’impasse… Timac Agro fait le point sur le phosphore
Approvisionnement, cadmium, risque d’impasse… Timac Agro fait le point sur le phosphore

Lors d’une conférence de presse dédiée au phosphore, organisée par Timac Agro le 7 avril, Pierre-Yves Tourlière, responsable développement produits France, a exprimé les inquiétudes des distributeurs et agriculteurs, sur le terrain. « Il y a eu une forte attente de la part de la distribution pour le phosphore lorsque nous avons commencé notre morte-saison, il y a un mois environ. Depuis, un ralentissement de cet engouement se fait ressentir. » En cause, « un seuil psychologique du prix des engrais à la tonne », alors que toutes les charges explosent : engrais azotés, GNR, logistique, etc.

Timac Agro instaure un système de quotas

Pour autant, c’est surtout la disponibilité des matières premières qui va poser problème. Alors que certains fournisseurs ont dû annuler des commandes faites par anticipation, faute de pouvoir les produire et les livrer, Timac Agro a fait le choix de limiter ses commandes et d’instaurer des quotas. « Forcément, on génère des frustrations ou des manques », regrette Pierre-Yves Tourlière. « Les tensions sur les matières premières ont été renforcées par la guerre en Ukraine, mais elles datent déjà de la pandémie, précise Maxime Godart, responsable matières premières pour Timac Agro International. Avant le Covid, entre l’achat et l’arrivée des matières premières à l’usine, il se passait entre trois semaines et un mois. Désormais l’approvisionnement prend entre deux et trois mois, avec des retards potentiels de la part de nos fournisseurs. »

Du phosphore conforme à la future réglementation européenne

Le phosphore européen provient à 20 % de la Russie, mais Timac Agro a diversifié son sourcing, notamment en Afrique du Nord, au Brésil et en Afrique du Sud. « Notre savoir-faire industriel permet de traiter l’ensemble de ces phosphates », précise Maxime Godart. Y compris en ce qui concerne la teneur en cadmium du minéral. En effet, la réglementation européenne qui entrera en vigueur en juillet prévoit des taux de cadmium maximum à 60 ppm, et instaure un étiquetage « bas cadmium ». Une réglementation qui favorise les minéraux russes, naturellement faibles en cet élément.

« Est-ce que nous pourrons faire uniquement du bas-cadmium ? Non, car cela imposerait un mono-sourcing russe, admet Pierre-Yves Tourlière. Mais la réglementation française, la seule existante jusqu’à présent sur la question, limite déjà le cadmium à 90 ppm et à 15 grammes par ha et par an. Cela nous a permis de prendre de l’avance. » Si l’achat de matières premières en Russie demeure légal, toute opération est pour le moment impossible : affrètement des bateaux compliquée, refus des assurances de couvrir les transports, blocage des systèmes bancaires russes…

L’impasse en phosphore : un risque pour les cultures

La conférence de presse a également permis aux experts de Timac Agro de rappeler que l’impasse sur le phosphore peut être dommageable pour les cultures, en particulier dans un contexte d’optimisation des apports en azote. « En moyenne, un apport de phosphore permet à la plante d’absorber entre 15 et 16 unités d’azote sur céréales et 30 sur colza », indique Pierre-Yves Tourlière. Plus de 50 % des cantons français sont en sous-nutrition phosphatée, et nécessitent des apports, non pas seulement pour compenser le phosphore assimilé et exporté par les cultures, mais aussi pour recharger les sols. « De par le renchérissement des unités fertilisantes, les techniciens de la distribution prennent conscience de l’importance du phosphore, de son bon positionnement, du stade d’application et de la dose. Il y a un raisonnement plus technique autour du phosphore à mettre en place. »