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Biocontrôle, le Brésil met les bouchées doubles

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Les rencontres annuelles de l’industrie du biocontrôle, qui a réuni plus de 970 participants à Bâle, les 19 et 20 octobre 2021, ont révélé combien les solutions alternatives aux produits conventionnels sont devenues incontournables dans le monde entier. Le Brésil fait désormais office de leader, avec une politique efficace dédiée au déploiement de ces produits. Le point avec Jennifer Lewis, directrice d’IBMA Global.

Biocontrôle, le Brésil met les bouchées doubles
Biocontrôle, le Brésil met les bouchées doubles

Plus de 970 représentants de l’industrie du biocontrôle de 44 pays ont participé, les 19 et 20 octobre 2021, à la 16e édition de l’ABIM (Annual biocontrol industry meeting). Cet événement mondial autour du biocontrôle, qui s’est tenu en présentiel et en distanciel, a plus que jamais montré que ces solutions alternatives aux produits conventionnels sont devenues incontournables pour la transition vers une agriculture durable.

L’importance des stratégies nationales pour déployer le biocontrôle

“Ces rencontres révèlent que la volonté de transformer l’agriculture pour la rendre plus durable n’est pas seulement européenne mais bien mondiale et que les solutions de biocontrôle représentent des outils essentiels à cette transformation, souligne Jennifer Lewis. Ces produits offrent en effet durabilité et rendement.” Pour la directrice d’IBMA Global, l’association internationale des entreprises de produits de biocontrôle, ces rencontres internationales ont également montré l’importance des stratégies nationales pour déployer les solutions sur le terrain. “La France et le Brésil, qui ont chacun présenté leur stratégie nationale, sont deux bons exemples, reprend-elle. Le Brésil a connu une progression fulgurante de l’utilisation du biocontrôle ces dernières années : les produits sont désormais utilisés sur dix des 77 millions d’hectares cultivés.”

Autres présentations relevées par Jennifer Lewis lors de ces rencontres internationales : les exemples de partenariats entre acteurs de la chaîne alimentaire exposés par la Colombie et plusieurs pays d’Asie. “Avec ces démarches collectives, les avancées sont plus rapides”, note-t-elle.

La réglementation : un enjeu de taille

La simplification de la réglementation mise en œuvre au Brésil explique en grande partie la montée en puissance du biocontrôle dans le pays. Désormais, deux ans suffisent pour obtenir une autorisation de mise sur le marché. “Au lieu de dix ans en Europe, entre l’approbation de la substances active et l’obtention de l’AMM”, précise Jennifer Lewis. La directrice d’IBMA Global s’inquiète quant aux futures décisions relatives aux dépôts de demandes d’autorisation des sociétés de biocontrôle. “Les sociétés, qui souhaitent un retour sur investissement rapide, pourraient prioriser leurs dépôts de demandes d’autorisation de mise sur le marché dans les pays où elles sont sûres d’avoir une réponse dans des délais courts, explique-t-elle. L’Europe pourrait de ce fait se voir délaissée.”

Les dirigeants d’UPL, lors d’une conférence de presse relative à la division du groupe dédiée aux biosolutions, n’ont pas manqué, fin octobre, de mettre en avant la lourdeur réglementaire européenne et le risque de voir d’autres pays prendre les devants sur les solutions alternatives.

“En Europe, il faudrait déjà pouvoir respecter les délais d’autorisation inscrits dans les textes réglementaires, reprend Jennifer Lewis. Et pour cela, nous avons besoin de davantage d’experts en biocontrôle afin d’accélérer les évaluations, que ce soit au niveau européen comme au niveau des États membres.”

Mettre toutes les technologies au service du biocontrôle

“Les avancées constatées portent également sur l’utilisation de toutes les technologies dont nous disposons en agriculture pour améliorer la compréhension des produits de biocontrôle et pour optimiser leur utilisation, conclut Jennifer Lewis. Ainsi, les analyses de sol montrent l’utilité de telle ou telle solution de biocontrôle, l’agriculture de précision offre la possibilité d’optimiser les applications… En ayant recours à toutes ces technologies, le déploiement du biocontrôle progressera plus vite.”