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Biostimulants : une campagne anticipée et inégale

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La crise liée à l’épidémie de Covid-19 pénalisera sûrement le marché des biostimulants cette année, mais la tendance à plus long terme, elle se confirme : la distribution a de plus en plus d’appétit pour ces produits. Les fabricants témoignent de ces derniers mois de commercialisation et se projettent, prudemment, sur ceux à venir.

Biostimulants : une campagne anticipée et inégale
Biostimulants : une campagne anticipée et inégale

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Biostimulants : une campagne anticipée et inégale - © D.R.
Biostimulants : une campagne anticipée et inégale - © D.R.

« Les technico-commerciaux sont moins au contact des agriculteurs. Ces derniers ont tendance dans ces cas là, à aller à l’essentiel, et moins vers les produits plus techniques qui nécessitent un accompagnement. Le confinement, avec la fermeture des hôtels et restaurants, freine nos déplacements pour les animations et les formations techniques », affirme Alain Toyos, directeur d’ITALPOLLINA France.[/caption]

À l’image des autres intrants comme les produits phytosanitaires, les biostimulants ont eux aussi connu une campagne de commercialisation atypique, en partie du fait de la crise sanitaire du Covid-19 et du confinement qui en a découlé. « Les distributeurs ont anticipé leurs commandes avec l’épidemie de Covid, craignant des ruptures d’approvisionnement, ce qui a aboutit à une très bonne activité sur les mois de mars et d’avril », témoigne Mathieu Bounes, directeur de TRADECORP France. D’autres fabricants confirment cette dynamique :  « Sur ce premier trimestre, nous sommes chez VALAGRO à plus 25 % de chiffre d’affaires par rapport à l’exercice 2019 avec des commandes bien anticipées en mars », assure Jean-François Ducret, directeur de Valagro France, tandis qu’Italpollina fait valoir une progression de 8 % sur les trois premiers mois de 2020. « Toutefois, la crise du Covid aura des conséquences sur la campagne de réappro des mois d’avril à juin. Nous estimons que la baisse des vente de biostimulants pourraient s’établir entre 10 et 30 % », estime Alain Toyos, directeur d’Italpollina France.

Des disparités en grandes cultures

La crise aura forcément des impacts sur le bilan de l’exercice en cours, mais elle n’est pas la seule à jouer sur les volumes vendus. « En grandes cultures, la campagne de vente de biostimulants, qui s’étale en général de septembre à février, a connu un très bon démarrage avant un coup d’arrêt en début d’hiver, les agriculteurs ayant d’autres préoccupations à cause des aléas climatiques. Mais elle s’est bien terminée. Les ventes sont stables, avec des disparités. Elles ont baissé en colza, avec le recul des emblavements et se maintiennent en blé. Les surfaces de maïs recevant un biostimulant progressent aussi. En cultures industrielles, les ventes sur betteraves ont diminué, en lien avec la moindre valorisation économique de la culture, mais la progression en pomme de terre compense », détaille Pierre-Yves Tourlière, responsable développement nutrition végétale au sein de TIMAC Agro. Des incertitudes pèsent sur le marché historique et moteur qu’est la viticulture. Les coups de gel qu’ont subit plusieurs régions, et les possibles manques de trésorerie à venir suite aux baisses des ventes de vin durant les semaines de confinement, pourraient ralentir les achats de biostimulants.

Une croissance sur le long terme se confirme

« Même si elle n’est pas terminée, la campagne de vente des biostimulants est comparable, pour le moment, à celle de l’an passé. Il reste difficile de prédire comment se comportera le marché après cette crise. Toutefois, sur le long terme, cela reste un marché en croissance », déclare Jean Hayau, directeur marketing chez Timac agro. Réalisée avant le début de la pandémie, le rapport du cabinet californien Frost-Sullivan prévoit un doublement des ventes mondiales de biostimulants à 5 Mds de dollars à l’horizon 2025. « Actuellement nous dépassons le chiffre d’affaires de 150 millions de dollars en France », souligne Jean-François Ducret, pour qui, il ne fait aucun doute qu’une croissance à deux chiffres va se confirmer dans les années à venir, même si elle sera avec des à-coups en fonction du cours des cultures.