Campagne d’appro d’automne, des commandes anticipées
Le | Cooperatives-negoces
La campagne de réappro du printemps bat son plein et pourtant, les yeux se tournent déjà vers celle d’automne. La pandémie incite-t-elle les distributeurs à prendre les devants ? Risque-t-on une pénurie pour certaines spécialités ? Quel impact de la suppression des 3 R ? Réponses avec les unions d’appro Symphonie, Actura et 3A.
Dès le mois de mars, nous évoquions de possibles impacts de la pandémie sur l’approvisionnement des produits phytos pour la campagne d’automne. Même si, depuis, le virus s’est étendu sur tous les continents, l’inquiétude semble retomber. « À part peut-être pour deux ou trois matières actives pour lesquelles l’appro risque d’être tendu, dans l’ensemble, il ne devrait pas y avoir de problème, confirme Jean-Baptiste Barbazanges, directeur réseau chez ACTURA. Sous réserve que les transports continuent de bien fonctionner. Pour les herbicides céréales et colza, peu de craintes à avoir : les applications de l’automne 2019 n’ayant pas, dans certaines régions pu être réalisées à cause du climat, les stocks sont importants. » Un constat confirmé par les deux autres unions interrogées, Symphonie et 3A.
Repenser la localisation des usines
En revanche, « cette crise pose la question du positionnement des usines de fabrication de produits phytosanitaires à l’échelle de la planète, confie Alexandre Hallier, animateur du pôle grandes cultures pour l’union Symphonie. La plupart des molécules sont fabriquées en Chine, en Inde mais aussi aux États-Unis, en Italie… Avec souvent la fabrication des composants d’un même produit répartie dans plusieurs sites, dans plusieurs pays. Il est alors facile de comprendre que le manque d’un seul élément peut perturber l’assemblage final. Cette pandémie va, à mon sens, être un élément catalyseur des réflexions à mener pour repenser la localisation des usines et donc, la fabrication des spécialités. »
Des commandes plus précoces
Jean-Baptiste Barbazanges reconnaît toutefois que cette année, les commandes sont passées un peu plus tôt que les autres campagnes. « « Nous nous engagerons rapidement pour avoir les confirmations de livraison ». Notre objectif est que les produits arrivent dans les temps à la centrale, sans encombre, pour satisfaire ensuite nos clients. Pour les livraisons de printemps, le confinement et le manque de personnel sur certains sites nous ont fait prendre un peu de retard sur les délais de livraison. Mais à ce jour, la situation est complètement revenue à la normale. »
Des achats de morte saison en recul
Pour tous, l’enjeu est d’être prêt dans les temps d’autant que les achats des agriculteurs en morte saison reculent campagne après campagne. « Pour nous, unions, c’est l’inverse. Nous avons tendance, depuis plusieurs années, à de plus en plus anticiper. Quelle part attribuer à la pandémie ? Difficile à chiffrer même si cette crise peut effectivement ajouter un peu d’anxiété et avancer encore un peu plus le calendrier des prises de commandes ».
La suppression des 3R complique la campagne
Pour Médéric Brunet, président de l’union 3A (Alliance Atlantique Agro), le travail, plus en amont cette campagne, est avant tout dû à la suppression des 3R. « Cela nécessite d’avantage d’échanges entre les fournisseurs, l’union et les coopératives. Les prix nus doivent être accompagnés de services. Pour nous, c’est un nouveau métier qui implique de bâtir des services marchands que les fournisseurs sont prêts à acheter. Cette année, le lancement de la campagne est prévu pour le 27 mai. » Les achats de morte saison sont également en retrait au sein de l’union 3A. « Nous favorisons la prescription à la parcelle pour optimiser et ajuster les apports d’intrants. »