Les semenciers affichent leurs priorités à Lin’ovation
Le | Agrofournisseurs
Linea Semences, Terre de lin et Van de Bilt, les trois semenciers du secteur, étaient présents au salon Lin’ovation, organisé mi juin dans l’Eure. L’occasion pour eux de présenter leurs nouvelles variétés, leurs projets de recherche mais aussi leurs préoccupations, entre sécheresse et manque d’agriculteurs multiplicateurs.
[caption id=« attachment_108779 » align=« alignleft » width=« 154 »]
« Si nous multiplions par trois la production de semences, nous arriverons à assurer la production de lin textile en France et à répondre à la demande des agriculteurs », Charles-Henri Biard, responsable du développement commercial chez Linea Semences[/caption]
« Face au changement climatique, et alors que le recours aux intrants doit baisser, nous sommes, grâce à nos semences, l’une des solutions d’avenir », assure Charles-Henri Biard, responsable du développement commercial chez Linea Semences. Le groupe, financé par quatre coopératives de teillage, était présent à la première édition du salon Lin’ovation, dédié au lin fibre, organisé les 15 et 16 juin à Crosville-la-vieille, dans l’Eure. « Le changement climatique est au cœur de notre métier, mais il est malheureusement beaucoup plus rapide que le progrès génétique », souligne néanmoins Charles-Henri Biard. Alors que la sécheresse devrait peser sur la récolte estivale, les semenciers présents ont insisté sur leurs efforts pour développer des variétés plus résistantes, adaptées aux terroirs et garantissant des fibres de qualité.
Nous sommes là pour faire connaître notre nouvelle variété Laurine, dont la commercialisation est prévue en 2023, et confirmer notre présence sur ce marché, explique ainsi Xavier Bossuyt, cadre commercial chez le semencier hollandais Van de Bilt, bien implanté en France. De son côté, Terre de lin mettait l’accent sur Java, une variété précoce, qui devrait également être commercialisée l’année prochaine, une fois les tests réalisés. « Cela manquait dans le catalogue », glisse Laurent Cazenave, chargé de communication.
Le lin d’hiver, une perspective d’avenir
[caption id=« attachment_108780 » align=« alignright » width=« 164 »]
« C’est important d’être là car ce salon est nouveau et il y a peu de manifestation sur le lin », Laurent Cazenave, chargé de communication chez Terre de lin.[/caption]
Pour contourner des printemps et des étés de plus en plus secs, une autre piste de recherche commence également à prendre de l’ampleur : celle du lin d’hiver. Actuellement, la culture représente 4 % des surfaces en lin. « Elle permet d’avoir un cycle plus long et de tamponner plus facilement les conditions climatiques du printemps », explique Charles-Henri Biard. Selon lui, Linea semences consacre 15 à 20 % de son temps sur des recherches consacrées au lin d’hiver. Une nouvelle variété, inscrite en 2021, était ainsi présentée par le semencier. « C’est la première en vingt ans, se félicite le responsable du développement commercial. Historiquement, nous nous concentrions plutôt sur la tolérance au froid et au rendement, là nous avons aussi regardé l’aspect qualitatif. »
Chez Terre de lin, trois variétés sont déjà disponibles, et deux autres sont en cours de dépôt, avec une commercialisation prévue l’année prochaine. « Je suis convaincu qu’une vraie dynamique va s’enclencher dans les prochaines années », abonde Laurent Cazenave, qui avance, avec le lin d’hiver, des « rendements équivalents » au lin de printemps. La culture s’est bien développée dans le sud de l’Eure et du Calvados, des territoires plus séchants. » Clairement, le sujet fait l’unanimité au sein des semenciers. Mais pour Xavier Bossuyt, les variétés doivent encore être travaillées. « Au niveau génétique, il faudra faire en sorte qu’il y ait plus de filasse, bien que parfois, en raison du manque d’eau, le lin d’hiver ait plus de fibres que le lin de printemps. »
Un effet multiplicateur très faible
[caption id=« attachment_108781 » align=« alignleft » width=« 169 »]
« Le lin d’hiver sera un passage obligé pour certaines régions comme le Calvados », Xavier Bossuyt, cadre commercial chez Van de Bilt.[/caption]
Le climat n’est pas la seule difficulté avec laquelle les semenciers doivent composer. Les agriculteurs multiplicateurs de semences de lin sont de plus en plus difficiles à trouver. « Cette plante produit peu de graines et a un effet multiplicateur de 5, c’est très faible, il faut donc beaucoup de surface », détaille Laurent Cazenave de chez Terre de Lin. Le semencier consacre entre 10 et 12 000 hectares à la multiplication dans la Seine-Maritime et l’Eure, et n’a pas manqué de graines cette année. « La difficulté est que les nouvelles variétés donnent beaucoup de filasse et peu de graines », confirme Xavier Bossuyt.
La situation a été plus compliquée chez Linea semences. « À la fin de la campagne 2021, il nous manquait la moitié des semences pour implanter la campagne 2022, rappelle Charles-Henri Biard. Nous avons tenu grâce au stock et aux semences récupérées pendant la campagne. Nous mettons tout en œuvre pour produire de plus de graines pour assurer la demande des producteurs, afin que France reste le premier pays producteur de lin. »