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Congrès des betteraviers, la LMA à l’épreuve des relations entre producteurs et industriels

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Informations très denses lors de l’assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), le 8 décembre, à Paris. Les relations entre producteurs et industriels ont été débattues, dans le cadre de la LMA et commentées par Bruno Le Maire. Également à l’ordre du jour, trois solutions pour écouler les excédents et des informations sur la mise en place du réseau de distribution du SP 95-E10 en France.

Si la betterave sous quota bénéficie, au moins jusqu’en 2013, d’un prix minimum garanti par la réglementation, la situation de la betterave hors quota n’est pas clarifiée. Pour Jean-Pierre Dubray, vice-président du syndicat, dénonce « le refus de la plupart des industriels de fixer des prix de betteraves hors quota en fonction des prix de marché des produits finis, et de les annoncer avant les semis ». Dans ce contexte, les attentes vis-à-vis de loi de modernisation agricole (LMA) promise par le gouvernement pour le mois de janvier sont fortes, pour arriver à un « rééquilibrage des rapports entre l’amont et l’aval » et un « juste partage de la valeur ajoutée ».

Intervenant en clôture de l’AG, Bruno Le Maire a annoncé que la loi devrait donner une base juridique à l’observatoire des prix et des marges et qu’elle allait renforcer l’interprofession.

Jean-Baptiste Pambrun

« La solution, c’est le bouquet ». __Une campagne de publicité lancée le jour de l’assemblée générale. Le bioéthanol constitue une des fleurs du bouquet énergétique.

Le ministre a rappelé que le texte allait « rendre obligatoire la signature de contrats entre industriels et producteurs ».

Autre question qui a fait débat lors de cette AG : Quotas or not quotas après 2013 ? « Le refus d’abandonner les quotas ne nous paraît pas un combat d’arrière-garde mais une nécessité pour maintenir les filières sucre et éthanol », a expliqué Gilles Bollé, président de la commission économique de la CGB. Après la suppression des quotas laitiers, le sucre pourrait être l’unique secteur à bénéficier d’une telle organisation des marchés après 2013. Pour Philippe Chalmin, professeur d’économie à Paris-Dauphine et invité du syndicat, il serait « totalement aberrant » de traiter de la même manière les marchés du lait et du sucre, aux fonctionnements extrêmement différents. L’expert sur les marchés des matières premières s’est toutefois voulu rassurant « Quotas ou pas quotas, n’ayez pas peur, a-t-il dit aux congressistes. Vous disposez de suffisamment d’atouts pour engager la betterave sur les rails du futur ».

Betteraves : trois solutions pour écouler les excédents

A récolte exceptionnelle, excédents exceptionnels. Que faire pour exporter les 2,2 millions de tonnes (Mt) de sucre excédentaire produits en 2009 dans l’Union européenne ? « 1,65 Mt pourront être exportées grâce à un contingent d’exportation accepté par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) », précise Alain Jeanroy, directeur de la CGB. Pour les 550 000 tonnes restantes dont 370 000 tonnes sont situées sur le seul territoire français, il propose trois solutions : « reclassifier ce sucre dans le régime des quotas, dans la mesure où le quota à l’importation de 4 Mt de la part des pays les moins avancés risque de ne pas être réalisé, dans ce contexte de marché déficitaire », « utiliser les certificats à l’exportation de la campagne prochaine pour cette campagne-ci  » ou « faire valoir à l’OMC que les coûts de production sont inférieurs aux cours sur le marché mondial, ce qui permettrait d’exporter sans certificat ».

Ethanol : le SP95-E10 disponible dans une station-service sur deux à la mi-2010

Fin novembre, 1770 stations-service, soit 14 % du réseau français de distribution, vendaient du carburant SP95-E10, a indiqué Alain Jeanroy. Lancé le 1e avril 2009, ce supercarburant peut contenir jusqu’à 10 % d’éthanol en volume. Le déploiement de sa distribution se poursuit à un rythme régulier. Il estime que le SP95-E10 « sera disponible dans une station-service sur deux » à la mi-2010. L’objectif d’incorporation directe de bioéthanol dans les essences est fixé l’an prochain par les Pouvoirs publics à 7 %. L’objectif national d’incorporation d’éthanol de 5,75 % (en énergie, soit 8,7 % en volume) en 2008 « a quasiment été atteint », selon Alain Jeanroy. Ce sont ainsi 8,6 millions d’hectolitres d’éthanol qui ont été incorporés aux essences en 2008. Pour 2009, l’atteinte de l’objectif de 6,25 % (en contenu énergétique) requiert l’incorporation de 9,5 millions d’hectolitres d’éthanol. La production française d’éthanol devrait dépasser ce chiffre et atteindre 12 millions d’hectolitres (moitié betteraves, moitié céréales). « Nous pourrons à la fois satisfaire la demande française et fournir en éthanol d’autres pays de l’Union européenne », a-t-il précisé.