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Denis Longevialle, IBMA France, « Des ventes de biocontrôle en hausse moyenne de 8,5 % en France depuis 2019 »

Le | Agrofournisseurs

Malgré un léger ralentissement de sa progression en 2022, le biocontrôle continue sur sa lancée, avec une hausse annuelle moyenne du chiffre d’affaires de 8,5 % en France depuis 2019. IBMA France mise entre autres sur la réglementation européenne, le Grand Défi biocontrôle & biostimulants, ainsi que sur la formation pour accélérer le déploiement de ces solutions alternatives. Le point avec Denis Longevialle, directeur général.

ⓒ Nathalie Oundjian - © D.R.
ⓒ Nathalie Oundjian - © D.R.

Référence agro : Les résultats du dernier baromètre IBMA France du biocontrôle révèlent une hausse de 4,5 % du chiffre d’affaires des produits de biocontrôle vendus en France en 2022, contre 13 % en 2021. Comment expliquez-vous ce ralentissement de croissance ?

Denis Longevialle : En 2022, les ventes de produits de biocontrôle, estimées à 278 M€, contre 266 M€ en 2021, ont augmenté de 9 % sur le secteur agricole, contre 12 % en 2021, et baissé de 13 % en JEVI (Jardins, Espaces Végétalisés et Infrastructures), contre une hausse de 13 % en 2021. La part de marché de ces solutions alternatives passe à 10 %, contre 13 % en 2021, les solutions conventionnelles ayant eu une croissance plus importante de leurs ventes en 2022.

En agriculture, cette moindre croissance du chiffre d’affaires de 2022 peut en premier lieu s’expliquer par un report plus faible de la hausse des coûts de production sur les prix des solutions de biocontrôle que sur les produits conventionnels. La tension sur les marchés a également conduit à un surstockage de ces derniers. Enfin, cette deuxième année d’application de la loi sur la séparation de la vente et du conseil pour les produits phytopharmaceutiques a entraîné une raréfaction des conseils spécifiques, ce qui peut également expliquer ce ralentissement. Les CEPP ont certes été maintenus, mais ils ne concernent que 40 % de nos produits. Retenons toutefois que l’évolution des ventes de produits de biocontrôle en France est relativement linéaire, avec une hausse moyenne de + 8,5 % par an depuis 2019. IBMA France maintient d’ailleurs son ambition de passer le cap des 30 % du marché de la protection des plantes et de couvrir plus de 50 % des usages avec au moins deux produits de biocontrôle à mode d’action complémentaire d’ici à 2030. Nous mettons tout en œuvre pour atteindre ces objectifs.

R.A. : Quels sont les leviers sur lesquels compte à l’avenir s’appuyer IBMA France pour accélérer le déploiement du biocontrôle ?

D.L. : Nos leviers stratégiques demeurent les politiques publiques et la réglementation, l’information et la formation, ainsi que la recherche et l’innovation. Côté politiques publiques et réglementation, un premier pas est en passe d’être franchi avec la reconnaissance européenne du biocontrôle, aujourd’hui engagée avec le projet de règlement SUR. Nous avons pu constater qu’en France, la mise en place d’une définition et d’une réglementation favorable est un facteur clé de succès au déploiement des solutions de biocontrôle. Nous souhaiterions voir la même dynamique s’engager au niveau européen. La reconnaissance européenne du biocontrôle sera une première étape. Elle devra être suivie de mesures spécifiques, non encore prévues dans le projet de règlement SUR, comme la question cruciale des délais raccourcis pour l’approbation des substances actives, qui permettra d’offrir toujours plus de produits sur le marché et couvrir encore mieux et davantage d’usages avec les solutions de biocontrôle.

En France, le nombre d’AMM, donc hors seconds noms commerciaux, a augmenté de 13 % en 2022 : + 11 % pour les substances naturelles, + 26 % pour les médiateurs chimiques, et + 12 % pour les micro-organismes. Une enquête menée auprès de nos adhérents révèle qu’au moins 22 nouvelles substances actives sont en développement : plus leur approbation européenne sera rapide, plus la mise en marché de produits le sera également.

Sur le plan national, nous aimerions le retour du conseil spécifique délivré à nouveau par tous les acteurs, et appelons à ce que les produits de biocontrôle entrent dans le dispositif CEPP dès la délivrance de leur AMM, quitte à affiner ensuite le nombre de certificats qu’ils permettent d’obtenir.

R.A. : Où en est le projet de Grand Défi Biocontrôle et biostimulants annoncé en janvier dernier ?

D.L. : Ce Grand Défi devrait bientôt être lancé. Son association de gouvernance, l’Association de Biocontrôle et de Biostimulation pour l’Agroécologie, a été récemment créée. Nous comptons beaucoup sur ce Grand Défi. Son objectif est de stimuler des travaux de recherche présentant des niveaux de maturité plus élevés que ceux du Consortium Biocontrôle, afin qu’ils aboutissent bien plus rapidement à la mise sur le marché d’innovations. Par ailleurs, les biostimulants sont également embarqués dans ce Grand Défi, ce qui ouvre le champ d’étude des associations biocontrôle/biostimulant, notamment pour lutter contre les stress biotiques et abiotiques.

R.A. : Qu’en est-il des formations proposées sur le biocontrôle ?

D.L. : Sur les formations, les chantiers sont nombreux et progressent bien. Après avoir initié la création de l’Académie du biocontrôle et de la protection biologique intégrée, il y a plus de dix ans, IBMA France est aujourd’hui partenaire de deux grands projets : l’audit des formations existantes et des attentes sur les biosolutions (produits de biocontrôle et biostimulants), dont de premiers résultats sont attendus à l’automne (projet EFOR2BIO) ; la mise en place de 250 modules de formations digitales (projet Digi-Agro), qui vise cinq filières (grandes cultures, maraîchage sous serre et de plein champ, arboriculture, viticulture), et dont le premier module, sur la viticulture, a été lancé le 9 septembre.

Enfin, nous renforçons notre présence et notre communication, notamment via notre partenariat avec le Contrat de solutions, par la mise en avant d’un village du biocontrôle dans les salons professionnels Tech&Bio et Sival, et par le biais de nos rencontres annuelles du biocontrôle. Les prochaines, les dixièmes, sont d’ores et déjà prévues le 16 janvier 2024 au Sival, en présentiel et en visio.