Le Grand défi « Biocontrôle et biostimulation » sur les rails
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2023 est l’année de lancement du Grand défi « Biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie », l’une des mesures de la stratégie d’accélération « Systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique ». Objectif premier : transformer et accélérer l’innovation dans ces deux filières afin de participer à la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires conventionnels et d’engrais minéraux. Explications avec Cécilia Multeau, chargée du partenariat et de l’innovation à Inrae et investie dans le Consortium biocontrôle.
Doté d’un budget public de 42 M€, auxquels s’ajouteront des fonds privés, le Grand défi « Biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie » va être lancé cette année pour six ans. Cette mesure de la stratégie d’accélération « Systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique » (Sadea), coordonnée par Philippe Vissac, du ministère chargé de l’Agriculture, fait partie du quatrième programme d’investissements d’avenir. Trois grands objectifs sont fixés : accélérer et transformer la manière de conduire l’innovation dans ces filières, intégrer et déployer massivement ces innovations dans les filières et les territoires en favorisant les approches participatives, faire émerger les compétences d’avenir et les offres de formations adéquates.
Nouvelle structure pour le Consortium biocontrôle
« Ce Grand défi va réunir, pour la première fois, les acteurs du biocontrôle et des biostimulants, souligne Cécilia Multeau, chargée du partenariat et de l’innovation à Inrae et investie dans le Consortium biocontrôle. Un travail de fédération de communautés va démarrer. Il risque d’être long, d’autant plus que le cadre réglementaire de ces deux filières diffère. Mais les acteurs sont volontaires et motivés pour relever ensemble ce Grand défi. »
Alors que le Consortium biocontrôle prend fin en décembre 2023, une nouvelle structure réunissant l’ensemble des acteurs du biocontrôle et des biostimulants sera créée pour, entre autres, animer ce Grand défi. « Cette structure devra embarquer l’ensemble des acteurs de ces deux filières, reprend Cécilia Multeau. Elle devra réunir les acteurs académiques (Inrae, le Cirad, les Universités…), les instituts techniques, les fournisseurs d’intrants, les prestataires de services en expérimentation, les chambres d’agriculture, les agriculteurs, les coopératives et négoces, les industries de transformation et les industries agro-alimentaires, mais également les acteurs de la formation, les associations de consommateurs et de protection de l’environnement. Nous misons sur une innovation participative. »
La nouvelle structure, vouée à faire émerger les innovations dans le domaine du biocontrôle et des biostimulants, devra donc réunir tous les acteurs et s’inscrire dans la durée. Elle devra par ailleurs s’appuyer sur un réseau d’expérimentations large bénéficiant d’un référentiel commun et d’indicateurs fiables et partagés afin de diffuser rapidement les connaissances acquises. Enfin, elle aura pour objectif de faire émerger de multiples projets. Un regard vers l’international l’aidera par ailleurs à voir ce qui se fait ailleurs.
Faire émerger des modèles d’affaires différents
« L’objectif est de restaurer les équilibres naturels, d’utiliser les services écosystémiques pour minimiser l’utilisation de produits phytosanitaires conventionnels et d’engrais minéraux, explique Cécilia Multeau. Or la lutte contre les bioagresseurs et les stress abiotiques passe par une combinaison de solutions. » Les travaux du Grand défi « Biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie » seront de ce fait menés en synergie avec d’autres programmes, notamment le programme et équipements prioritaires de recherche (PEPR) « Agroécologie et numérique » et le Grand défi « Robotique agricole ». L’objectif est d’opérer un changement d’échelle dans l’utilisation des produits de biocontrôle et des biostimulants. La robotique, par exemple, peut aider au déploiement de l’usage de trichogrammes.
« Le Grand défi vise également à faire émerger de nouveaux modèles d’affaires, notamment dans le conseil, informe la chargée du partenariat et de l’innovation. Conseil sur la préservation de la biodiversité des sols, sur la production de macro-organismes, déploiement de la technique de l’insecte stérile… Le champ des possibles est large. »
Ouverture à tous les biostimulants
L’accent sera mis sur les biostimulants avec AMM. « Mais nous ne nous interdisons pas d’aller voir ailleurs et de conduire des travaux de recherche qui pourraient venir appuyer des propositions visant à faire évoluer la réglementation, précise Cécilia Multeau. C’est également vrai pour le biocontrôle, car pour l’instant, seules les substances actives de biocontrôle ayant une action directe sur la plante ou sur les pathogènes peuvent être approuvées. Or certaines substances présentent une action indirecte fort utile ! »