Chez Lemaire Deffontaines, la nouvelle direction est en place
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À 33 et 37 ans, Louis et Thomas Blervaque sont, depuis fin juin, les nouveaux patrons de l’entreprise familiale Lemaire Deffontaines. Un challenge pour les deux frères, préparé depuis deux ans avec leur oncle et leurs parents, anciens dirigeants de la structure. Un changement dans la continuité… c’est en résumé le cap que s’est fixé le binôme. Thomas, désormais président, nous en dit plus.
Fin juin, Thomas Blervaque a, avec son frère Louis, repris les rênes de l’entreprise familiale Lemaire Deffontaines, détenue jusque-là par leur oncle, Philippe Lemaire, et leurs parents, Véronique et Marc Blervaque. « Le projet a muri ces trois dernières années, confie Thomas, désormais président de la structure à 37 ans. Quand mon oncle et mes parents nous ont annoncé, dès 2020, leur souhait de passer la main en 2023, nous nous sommes réunis avec mes frères et mes cousines. Seul mon frère Louis et moi-même étions intéressés pour prendre le relai dans ce délai. »
Un tuilage de deux ans
Une décision qui a impliqué une réorientation professionnelle même si tous les deux avaient l’envie de revenir à une activité plus en lien avec la nature. « Je travaillais en Chine depuis 12 ans pour Lesaffre, après avoir suivi des études d’ingénieur agro, et Louis évoluait dans le secteur automobile, notamment en Inde, précise-t-il. Après nos études, partir de l’entreprise familiale pour se former ailleurs, à d’autres méthodes, faisait partie de nos envies. Nous partagions, avec la génération précédente, le souhait de ne pas évoluer trop longtemps ensemble. Là, le tuilage s’est fait sur deux années : bien que court, ce fut un timing parfait ! »
Recruter pour renforcer l’équipe
La répartition des tâches au sein du binôme est calée. Thomas endosse la casquette de président avec la supervision des activités commerciales et recherche. Louis, 33 ans, nommé directeur général, pilotera la partie industrielle, la maintenance des usines et les ressources humaines. « L’enjeu n’est pas de révolutionner une entreprise qui fonctionne bien depuis plus de 150 ans, souligne Thomas. Pour autant, l’une de nos priorités est de recruter pour renforcer l’équipe. Nous recherchons par exemple un profil commercial pour gérer, si possible, les dossiers à l’international. Jusque-là, c’est moi qui m’occupais de cette activité mais je m’aperçois que je ne peux pas tout faire. »
Confronter notre gamme à de nouvelles contraintes de production
Côté sélection, Thomas est conscient que les exigences liées aux semences vont encore grandir. « Face au changement climatique, à la disparition de molécules pour protéger les cultures, la semence et la génétique sont au cœur des défis à venir, explique-t-il. Les agriculteurs veulent des espèces de plus en plus résilientes, productives, capables de résister aux stress biotiques et abiotiques. Un sacré défi quand on connaît le pas de temps nécessaire pour mettre au point une nouvelle variété. Pour repérer les génétiques moins sensibles à la sécheresse, nous mettons par exemple en place des essais en Afrique, là où le manque d’eau est déjà réel. Une nouvelle approche pour confronter nos variétés à d’autres contraintes de production. »
Un portefeuille composé de 50 variétés, multi espèces
Aujourd’hui, Lemaire Deffontaines consacre entre 40 et 50 % de son budget recherche au blé tendre. « L’objectif est de mettre au point des variétés moins sensibles aux aléas et qui conservent toutes les qualités recherchées par les meuniers », indique-t-il. Parmi les autres espèces travaillées : le triticale, le pois protéagineux, l’orge d’hiver, le petit et le grand épeautre, l’avoine, le blé de printemps… et plus récemment le lin oléagineux. « Bien évidemment, nous n’oublions pas le bio que nous travaillons depuis près de 25 ans. Au total, notre catalogue regroupe une cinquantaine de variétés : des génétiques créées par nos équipes, bien entendu, mais nous proposons aussi quelques variétés détenues par nos partenaires à l’étranger et représentées en France par nos soins. Même si la création variétale reste notre activité principale, nous avons aussi une activité de multiplication et de distribution. »
Agrandir le réseau de multiplicateurs
« Notre force, c’est la flexibilité pour répondre assez rapidement à la demande de nos clients, résume Thomas. Nous nous appuyons sur un fidèle réseau de plus de 140 agriculteurs multiplicateurs mais nous sommes toujours à la recherche de nouveaux partenaires, notamment pour produire les semences de base des espèces spécifiques comme le triticale ou le pois. »
Lemaire Deffontaines en chiffres :
- 9,5 M€ de chiffre d’affaires
- 35 salariés dont 15 au sein de l’équipe dédiée à la recherche
- Un catalogue composé d’une 50aine de variétés