En biocontrôle, De Sangosse vise toujours un doublement des parts de marché pour 2025
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À l’occasion d’une conférence de presse le 28 mars 2024, De Sangosse s’est montré déterminé et résolu à amplifier la dynamique du biocontrôle, pour atteindre son objectif : plus de 30 % d’hectares traités par ces solutions en 2030. Alors que la proportion de ces derniers peine à progresser, l’entreprise insiste sur l’importance de lutter contre les idées reçues, notamment chez les distributeurs.
De Sangosse s’est fixé comme ambition d’avoir au moins 30 % d’hectares traités avec des solutions de biocontrôle en 2030, avec un palier intermédiaire de 15-20 % en 2025. Aujourd’hui, ce chiffre plafonne à 8 %. « Quand on se présente comme le leader des biosolutions, cela pose question, remarque Aurélie Morin, directrice de l’activité biocontrôle, à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 28 mars 2024. Nous devons faire bouger les a priori et les idées préconçues pour accélérer le déploiement de ces solutions. Nous avons encore l’impression que le fait qu’un produit soit biocontrôle le disqualifie auprès de certains distributeurs et agriculteurs. » Un point de vue partagé par Christophe Maquin, directeur marketing : « Nous devrions être à 60 % aujourd’hui, or nous voyons que des produits classés CMR sont encore utilisés », regrette-t-il.
Une marge de manœuvre sur les fongicides céréales
Pourtant, le potentiel de déploiement de ces solutions serait bien là, en particulier en ce qui concerne les fongicides pour les céréales. « Nous sommes déçus que le biocontrôle ne soit pas adopté plus rapidement, mais la marge de manœuvre est importante en grandes cultures », assure Aurélie Morin. Le panorama des molécules conventionnelles est en effet largement en recul et aucune innovation majeure n’est annoncée. « De nombreuses molécules couvrant des millions d’hectares vont être retirées au cours des trois prochaines années, et l’efficacité de celles qui se maintiennent s’érode, souligne Marie Aubelé, cheffe marchés grandes cultures. Ces molécules qui fatiguent concernent 80 % des hectares. » Face à ce constat, la cheffe de marché insiste sur les acquis des expérimentations menées par le groupe. « Nous sommes très à l’aise avec le fait de dire que les programmes de traitement fonctionnent uniquement avec du biocontrôle. Les expérimentations dans nos Fermes biosolutions ont démontré que l’emploi de biocontrôle n’avait pas d’impact sur le revenu et n’entraînait pas de contraintes supplémentaires. »
S’inspirer des marchés les plus performants
Pour accélérer, De Sangosse explique vouloir aussi s’inspirer des bons élèves de la classe, comme les produits anti-limaces, dont le biocontrôle couvre 36 % des hectares en grandes cultures, alors que l’offre était quasi inexistante au début des années 2010. L’objectif est désormais d’atteindre les 50 % en 2026. « Nous avons fait sauter les verrous du positionnement et du coût à l’hectare », résume Pierre Olçomendy, chef marché anti-limaces, qui rappelle que le marché a été boosté par l’arrivée des CEPP et le classement en CMR2 des produits conventionnels composés de métaldéhyde, à la fin des années 2010. « Malgré tous ces avantages, pourquoi cela prend-il 7 à 8 ans pour atteindre ces parts de marché, s’interroge Aurélie Morin. Nous ne pouvons pas attendre aussi longtemps sur la filière des fongicides céréales. »
Le pari de la phytothérapie
Autre piste évoquée : former à l’intérêt des combinaisons de pratiques en ce qui concerne les adjuvants, pour limiter la dérive. « Nous avons lancé un groupe de travail avec des distributeurs, des constructeurs de buses, de pulvérisateurs, pour faire la promotion de ces techniques », explique Jean-Marc Saurel, directeur activité adjuvants. Le groupe assure également vouloir décloisonner ses pratiques, en développant la phytothérapie. Une première gamme pour la viticulture est proposée, suite au rachat de BioVitis en 2022. « Les utilisateurs convaincus sont encore des pionniers, nous souhaitons accompagner les distributeurs jusqu’à l’utilisateur final, affirme Emeline Lasserre-Arondel, cheffe marché phytothérapie depuis septembre. Pour cela, nous misons sur une mise en marché innovante, en ciblant des distributeurs partenaires. » Une grosse dizaine a déjà été identifiée suite à la réalisation d’une enquête. Une autre ciblée sur les grandes cultures devrait prochainement être menée auprès des distributeurs.
De Sangosse affiche un chiffre d’affaires de 450 M€. 70 % de ce chiffre se fait désormais à l’international, contre 10 % il y a 5 ans.