Engrais, des prix en baisse, mais une situation toujours compliquée
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Après deux années de hausse jamais connues, le prix des engrais minéraux semble atteindre un palier et s’orienter vers une baisse. Si cette situation est attendue par les agriculteurs, elle n’en est pas moins périlleuse pour les distributeurs et leurs fournisseurs. À côté, le marché des engrais organiques reste sous tension, avec des problématiques d’approvisionnement et de prix. Explications avec Compo, Huon et Angibaud, que Référence agro a rencontré au Sival, le Salon des cultures spécialisées, qui s’est tenu du 17 au 19 janvier à Angers.
Wallid Saadé, président de Compo Expert
« Le risque de litige existe »
« Il semblerait que nous atteignons un palier en matière de prix des fertilisants minéraux. Nous nous attendons à ce que les prix baissent, mais ce ne sont que des suppositions. Certes, cette situation est espérée pour que le marché reparte, mais elle est périlleuse. En effet, si les distributeurs voient que les prix baissent alors qu’ils ont acheté plus cher, il peut y avoir des litiges avec les fournisseurs d’engrais. Mais je pense que peu de distributeurs ont fait des stocks importants.
Les questions dans notre activité tournent autour de la manière dont va évoluer le prix des fertilisants ou encore la durée de la situation à l’Est de l’Europe. Les crises ne sont que des accélérateurs de tendances et il va falloir raisonner l’ensemble des intrants sur les aspects économiques et environnementaux. Il faut adopter, tous ensemble, une créativité responsable qui intègre, en plus de l’économie, la préservation de l’environnement, la fertilité des sols et la santé des consommateurs, en exploitant par exemple davantage les possibilités qu’offrent les biostimulants en association avec les engrais. »
Laurent Chevalier, directeur d’Huon
« Les variations de prix nous obligent à la prudence avec la distribution »
« Sur les fertilisants organiques, les problématiques de sourcing ne se sont pas améliorés, et la grippe aviaire enfonce une nouvelle fois le clou. Nous essayons de sécuriser notre sourcing mais cela nous coûte plus cher. Si le prix des engrais minéraux continue à baisser, il y aura moins de tensions pour les organiques sur le long terme. La campagne de printemps démarre tout juste et nous sommes dans le flou. Face à un marché factuellement instable nous ne donnons aucune orientation stratégique aux distributeurs pour des achats anticipés. Cela serait trop risqué et surtout présomptueux ».
Gilles Nivelet, directeur marketing d’Angibaud
« Sécuriser nos sourcing en matières premières organiques »
« Avec la hausse du prix des engrais minéraux, la demande en matière organique est forte et nous oblige à rechercher de nouveaux contrats et gisements de matières premières végétales et animales pour satisfaire nos besoins de production. Les matières premières organiques sont de plus en plus en concurrence avec les secteurs de la méthanisation, de l’énergie et à cela s’ajoute une conjoncture défavorable avec une offre en baisse compte tenu de la grippe aviaire et de la moindre production des olives en Espagne par exemple.
Notre stratégie est de nous appuyer fortement sur notre maison-mère Véolia et en particulier son pôle agronomique pour sécuriser et diversifier nos approvisionnements autour de nos sites de production à Béziers (34) et à Bavay (59). Par exemple, notre matière première organique clé , le guano de poisson, est issue d’une collecte de déchets de poisson locale autour du site de Béziers. Il permet un approvisionnement régulier et fiable.
Nous ne sommes pas réellement touchés par la baisse du marché des cultures bio car nos engrais organiques UAB sont également utilisés en agriculture conventionnelle, et les agriculteurs qui se déconvertissent ne changent pas fondamentalement leurs pratiques de fertilisation. »
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